9 Aout 1803 …

Premier essai, sur la Seine, en présence du futur Napoléon Ier (alors premier consul de la république), du bateau à vapeur de Robert Fulton.

Fulton qui fut d’abord peintre – il a fait le portrait de Benjamin Franklin – fut par la suite un inventeur de génie. On lui doit le premier sous-marin* de combat, ainsi que le premier bateau à vapeur capable de concurrencer, la voile.

*Il nomma son premier sous-marin le « Nautilus », nom que repris plus tard Jules Vernes dans un de ses romans.


Extrait de « Robert Fulton : roman historique » de Hauch, Johannes Carsten

Il fit plusieurs essais avec le bateau ( qui marchait sous l’eau, mais dans une de ses expériences, il manqua de détruire entièrement un grand vaisseau de ligne, qui ne fut sauvé que par un hasard heureux en changeant tout à coup de direction.
Cette fatale circonstance lui nuisit beaucoup auprès du ministre, et à partir de ce jour, malgré la promesse donnée, il ne reçut plus de secours.
A cette époque, il inventa aussi son célèbre Torpedo, à l’aide duquel, en 1805, il fit sauter et détruisit complètement un brick danois très-bien construit.
— Qui aurait pu supposer, dit alors Barlow, qu’avec ton air si doux et ton caractère paisible, tu avais en ton pouvoir de pareils moyens de destruction ?

Au milieu de tous ces essais et de toutes ces tentatives, Fulton n’avait jamais perdu de vue sa grande affaire.
Plus il s’occupait des autres machines, plus il arrivait a la certitude que la découverte était proche.

Cependant tous les mécaniciens à qui il en parla s’intéressèrent peu à l’invention poursuivie, quoiqu’ils reconnussent sa grande capacité; et il rencontra à Paris presque autant de doutes et de résistance qu’il en avait autrefois eu à combattre à Philadelphie.

Une nouvelle demande relative à cette invention qu’il adressa au premier consul fut froidement repoussée, et Montgery dit même que Bonaparte le regarda comme un charlatan et un habile imposteur qui ne voulait que lui soutirer de l’argent.

Heureusement il arriva, vers ce temps, à Paris un ministre américain nommé Livingston.
Non-seulement il était convaincu qu’il serait possible de faire marcher un navire par la vapeur, mais il avait encore obtenu du gouvernement de New-York un privilège qui lui assurait de grands avantages, s’il pouvait parvenir à construire une telle embarcation sur le fleuve Hudson. Cependant il n’avait pu réussir.

Livingston était ami de Rumsey, qui, en Amérique, lui avait fait un grand éloge de la capacité de Fulton ; aussi, dès qu’il eut appris le refus que Fulton avait essuyé du premier consul, il alla le voir,
l’encouragea à ne pas abandonner son projet et lui promit de l’aider de toute sa fortune.

Secouru par ce nouvel ami, Fulton entreprit donc encore une fois la construction d’un bateau a vapeur;
mais, a la première expérience, la boiserie qui n’était pas assez solide, se fendit et toute la machine coula au fond.

Sur le coup, cette mauvaise chance le désola, cependant il s’en remit bien plus vite que du malheur qui lui était arrivé à Philadelphie.
Le jour même de cet accident, il commença à remédier au mal, et l’on rapporte …

(en clair)

La mécanique se trouvait peu endommagée, mais le bateau était a refaire, et dans l’automne de 1804 il tenta une nouvelle expérience avec un autre bien plus solide, long de soixante-six pieds et large de huit.
Mais, soit à cause du courant, ou de la nature particulière des eaux de la Seine, comme le croyaient quelques-uns, soit, comme le pensait Fulton, à cause de l ‘imperfection de la machine, ce bateau marchait si lentement, quoique poussé par la vapeur, qu’il n offrait aucun avantage sérieux.
Du reste, cet essai fit peu de bruit, et la plupart de ceux qui y assistaient en conclurent que cette invention ne serait d’aucune utilité pratique.

Livingston et Fulton au contraire furent de nouveau affermis dans leur conviction, et ils résolurent de ne reculer devant aucune difficulté.
Fulton ne manqua pas d’envoyer un rapport détaillé et un dessin exact de son procédé a Rumsey, et il l’instruisit en même temps de la résistance du gouvernement français.
A cette lettre, Rumsey répondit que le premier consul, en refusant sa protection à cette admirable découverte avait renoncé à l’empire du monde ; il n’aurait eu, disait-il, qu’à utiliser les moyens que Fulton lui offrait pour s’en rendre maître.