[Et au bout de la vague,
en ses profondeurs
…]
Vendredi 5 Juillet 2013
Sur son site Glossolalies
Selenacht
donnait : Acta est #5

(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)
Proposition de lecture :
Il n’y avait plus rien. Plus rien que lui, or lui-même s’effaçait, n’avait jamais aspiré qu’à cela, se couler dans l’effacement, être effacé par l’effacement. Dans l’obscurité parfaite et le complet silence, il n’avait plus qu’à laisser un repos absolu le gagner, monter en lui comme une vague, l’improbable vague reclose en mer d’huile, vague pénétrante qui s’infiltrait pour le défaire comme il avait défait le monde, sauf qu’il ne s’accrochait pas, ne pesait pas, point de corps défendant, que la vague en vienne enfin à l’absorber dans les ténèbres en un consentement suprême. Et sans doute n’employait-il même pas ces mots, ni aucun mot, se laissant seulement traverser par ce flux de pensée comme par la haute vague même, son commencement, puisqu’il fallait bien d’abord qu’elle prenne voix quelque part en lui pour le faire taire, l’accorder au silence, pour que peu à peu l’occupe le seul silence tandis que les pensées une à une se détachaient lentement, se dilataient en cercles toujours plus larges, chacune plus imprécise, diffuse, puis bientôt absente. En un éclair surgit pourtant encore une dernière pensée, que ce qui restait encore avec lui s’abolissait, dernière notion d’espace et de temps, et plus rien ensuite, le repos, un néant absolu à perte de vue si avait même subsisté quiconque de cette faculté doué, si la possibilité même de l’existence de cette capacité ne disparaissait pas en ce moment même, où le gagnait enfin en une irrésistible étreinte l’infini, pas ce qu’il avait cherché, croyait-il, aurait-il cru si, pas attendu à si grande proximité du néant, ce vide aride et pur, s’étoile une sensation diffractée, sans lieu ni forme, illimitée, perçante et déjà passée, oubliée, pendant que vibre quelque part, partout, une jubilation intense, la liberté peut-être, qui, déjà, se retire, pour enfin ne laisser place à rien.
Cela avait duré le temps d’un clin d’œil ou d’une éternité. Qui saurait dire ? Il n’y avait plus personne pour dire. Il paraît qu’il n’y avait plus personne pour dire. Du moins est-ce qui est rapporté, c’est ce qui se dit. Cela ou autre chose. Peu importe. Qu’importe finalement que ce soit cela ou autre chose, peut-être personne, peut-être un clin d’œil, peut-être l’éternité, tout cela finalement du pareil au même, puisqu’on le dit, que ça a duré, aurait duré, si quelqu’un…
Et puis il entendit un rire.
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