PLANÈTE POLLUÉE – Paul BÈRA – 04

Planète polluée - couverture
[Il y a près de 50 ans, Paul Bera écrivait dans la collection fleuve noir (troisième version de la couverture N°623) un roman d’anticipation qui évoquait déjà les problèmes dans lesquels (une partie de) l’humanité se débat, en rapport avec la pollution croissante de l’environnement de la vie actuelle (plantes, animaux, dont l’homme) ]

Le héro a survécu aux effluves du « Marais-où-l’on-meurt« . Pourtant ni ceux du CLAN ni les Masques ne peuvent y respirer.
Une autre surprise de même nature l’attend, alors qu’il est toujours sous la menace de ceux (des Masques) qui le chassent.

 


 

« Un de nos Vieux m’avait dit un jour :

— Nous commettons une erreur en supposant que nous sommes tout à fait semblables à eux. La preuve que c’est faux, c’est que nous ne pouvons nous contenter de leur air et qu’ils ne peuvent respirer le nôtre.

Donc j’assujettis le masque sur mon visage et, non sans quelque appréhension, j’aspirai une bouffée de leur air.

Puis une autre… une autre encore… Je me contraignis à respirer bien régulièrement pendant plusieurs minutes. Incrédule, je palpai les côtés du masque afin de savoir s’il était bien appliqué sur mon visage, si notre air à nous, notre bon air, n’entrait pas par quelque orifice… Mais non !

Soudain, je pensai au Marais-où-l’on-meurt et où je n’étais pas mort. Là-bas aussi, j’avais respiré sans trop de gêne l’air que ceux de mon Clan ne pouvaient respirer…

La preuve en était renouvelée : j’étais différent des autres. À ce moment-là, je n’imaginais pas encore l’importance de ma découverte. Tout ce que je pensais, c’est que j’étais capable de vivre avec l’air des Masques. Que si je portais un de leurs appareils, je ne mourrais pas.

Et j’en vins tout naturellement à me dire . 
06 - QUE SI J’ APPLIQUAIS-le
(ou : P G)

07 - LES MASQUES ME -le
(Ou : P G)


*

**

PLANÈTE POLLUÉE – Paul BERA – 03

Planète polluée - couverture
[Il y a près de 50 ans, Paul Bera écrivait dans la collection fleuve noir (troisième version de la couverture N°623) un roman d’anticipation qui évoquait déjà les problèmes dans lesquels (une partie de) l’humanité se débat, en rapport avec la pollution croissante de l’environnement de la vie actuelle (plantes, animaux, dont l’homme) :]

Le héro a perdu sa mère dans des circonstances tragiques en rapport avec ceux que les gens des Clans nomment les masques.
A son tour l’enfant (narrateur) va être pris en chasse. Il va alors faire une découverte sur lui-même.


 

« Derrière moi, les autres se rapprochaient. Toujours sans un cri, sans un appel. Et je savais pourquoi : les masques ! Sans doute hurlaient-ils leur joie… mais les masques ne laissaient pas filtrer les sons.

Ils tirèrent. Trois flèches tombèrent derrière moi, sans force. Je ne me faisais aucune illusion. Une minute encore et j’étais atteint à la fois devant, derrière et sur le flanc gauche.

Une fois de plus, je pensai à Mama. Comme elle ! J’allais mourir comme elle ! Jusqu’alors, j’avais détesté les Masques. Un peu comme on peut détester un maître brutal. Désormais, je les haïssais. Je me dis que si je m’en tirais encore une fois, je consacrerai ma vie à exterminer les Masques. Imbécile ! Avec quoi ? Avec tes mains nues ? Avec un gourdin de bois mort, contre leurs flèches ?

Je ne pouvais plus hésiter. Ils allaient m’atteindre.   …

04-JE SERRAI LES DENTS-le

(Ou P G)

*

C’est alors que je compris que je n’étais pas tout à fait comme les autres.

Logiquement, j’aurais dû perdre le souffle dès les premiers pas, ouvrir la bouche toute grande afin d’essayer d’aspirer un peu d’air sain, puis m’écrouler, terrassé par l’atmosphère empoisonnée.

Or je continuais à courir, pataugeant dans la boue jusqu’aux chevilles, m’enfonçant parfois jusqu’à mi-mollet. Je courais, droit devant moi, sur l’immense surface nue du Marais-où-l’on-meurt. Et je ne tombais pas. Et je respirais sans trop de difficultés…

Certes, je m’essoufflais, je le sentais, mais je vivais, je ne tombais pas ! Je me retournai. Les Masques ne me poursuivaient pas. Ils gesticulaient à l’entrée du marais. Ils ne pouvaient se comprendre que par gestes, à cause des masques.

Il me semblait que j’étais à leur place. « Comment ? Il s’engage dans le Marais-où-l’on-meurt, il n’a pas de masque… et il ne tombe pas ? »   …

05 - EH BIEN ! NON -le

(Ou P G)

*

Le marais s’étendait devant moi jusqu’à l’infini, semblait-il. Parce que j’étais passé plusieurs fois sur l’autre rive et que j’en avais fait le tour, je savais qu’il me faudrait plusieurs heures pour le traverser. Et j’étais tellement frappé par ma découverte que je n’avais nulle envie de perdre des heures !

De nouveau, je regardai les Masques. Ils ne bougeaient plus. Immobiles, ils étaient tournés vers moi. L’un d’eux banda son arc, mais secoua la tête, haussa les épaules et ne tira pas. À quoi bon ? J’étais quatre fois trop loin.

Ils ne faisaient pas mine de me poursuivre. C’est qu’ils savaient qu’ils n’avaient aucune chance de me rattraper. Cette fois, je n’étais pas cerné. J’avais l’infini devant moi.

Je m’assis. Tout nu, dans la boue. Oui, je sais. Plus tard, j’ai eu conscience de ce que cette attitude présente « d’inconvenant » chez un être civilisé. Assis, nu, dans la boue d’un marais.

Mais je n’étais pas civilisé. Je vivais dans mon Clan, avec les autres. Nu parce que les autres l’étaient et parce que nous ne pouvions pas ne pas l’être. Les vieilles légendes faisaient mention d’une époque où les humains confectionnaient des « tissus », généralement à l’aide de fibres de plantes. Mais les plantes n’avaient plus de fibres. Je le savais d’autant mieux que, je l’ai déjà dit, je les connaissais toutes. Les Anciens prétendaient qu’ils avaient entendu dire à leurs propres Anciens que peu à peu toutes les plantes étaient mortes, y compris les grands arbres de la forêt. Alors, lentement, une nouvelle vie végétale s’était développée ; mais avant que l’on puisse déterminer les espèces comestibles et en récolter suffisamment, des milliers et des milliers d’humains avaient péri de faim. Comme ces plantes nouvelles étaient pour la plupart des algues, elles ne possédaient pas de tissu ligneux.

Je réfléchissais. Une parenthèse encore. Quand je dis « je n’étais pas civilisé », cela n’implique pas que je n’étais pas instruit. Je savais beaucoup de choses que m’avaient enseigné les Anciens. Beaucoup. Plus tard, je remarquai que, bien que sur des points très différents, j’en savais autant, voire plus que les Masques. »

PLANÈTE POLLUÉE – Paul BERA – 02

Planète polluée - couverture[Il y a près de 50 ans, Paul Bera écrivait dans la collection fleuve noir (troisième version de la couverture N°623) un roman d’anticipation qui évoquait déjà les problèmes dans lesquels (une partie de) l’humanité se débat, en rapport avec la pollution croissante de l’environnement de la vie actuelle (plantes, animaux, dont l’homme)]

Après un court et brutal prologue, celui qui va à présent raconter l’histoire de sa vie, (ou tout du moins de la partie décisive de celle-ci, pour lui, et pour l’humanité,)évoque son enfance, dans un épisode particulièrement douloureux …
Mais on perçoit déjà le caractère particulier des survivants qui vivent dans « les Clans »


« Il m’a fallu bien longtemps pour comprendre que je n’étais pas tout à fait comme les autres : un peu plus de dix-huit ans. Et encore ç’a été par hasard et pour échapper aux flèches des Masques !

Mama était morte quand je commençais à me débrouiller tout seul ; je devais avoir dix ou douze ans et je savais trier les plantes. J’étais trop jeune, bien sûr, pour chasser, mais les plantes, ça me suffisait. Depuis, j’ai changé d’idée et j’aime bien un bon morceau de viande saignante.

Oui, Mama était morte et, bien entendu, elle avait été abattue par les Masques et elle s’était laissé abattre volontairement pour me sauver, moi, son fils. Comme presque toutes nos marnas.  …

02-ELLES ÉCHAPPENT DIX FOIS-le(Ou P G)

*


Ils avaient couru derrière elle, d’abord sans tirer : ils préfèrent égorger leur proie à l’arme blanche. Mais elle avait beau être très fatiguée et probablement malade – le sang suintait parfois de grosses boules qu’elle avait sur les jambes – elle courait plus vite qu’eux ! Les Masques, c’est bien connu, et c’est une chance pour nous, n’ont aucune résistance physique. Cent pas à la course et les voilà épuisés !

Moi, j’étais caché dans la grotte et je savais qu’ils ne m’y découvriraient pas car ils n’ont aucun flair et je regardais… Et je savais aussi que pour rien au monde Mama ne reviendrait se cacher avec moi, car ils l’auraient suivie et elle les aurait ainsi guidés jusqu’à moi.

Elle avait donc obliqué vers le Marais-où-l’on-meurt. Oh ! j’en avais vu d’autres qu’elle périr dans ce marais et, parfois, parce qu’ils s’y étaient engagés par inattention alors qu’aucun Masque ne les pourchassait !

Ne croyez pas que l’on s’enfonçait dans la boue traîtresse ou dans des sables mouvants. De telles boues, de tels sables, ça existe chez nous, mais précisément pas dans le Marais-où-l’on-meurt ; le sol y est relativement stable.

Mais on ne peut pas y respirer ! La vase verdâtre est gonflée par d’énormes bulles qui crèvent avec un bruit ridicule et l’atmosphère est totalement irrespirable. Les Masques s’en moquent et passent là sans dommages. Nous, non.

J’ai vu Mama qui courait en zigzaguant, parce qu’elle savait que d’un moment à l’autre les Masques, comprenant qu’elle allait leur échapper, tireraient sur elle avec leurs arcs. Ah ! si je pouvais m’emparer d’un de ces arcs ! Ils les font avec du métal, j’en suis sûr, puisqu’il n’y a plus de bois flexible.

Et je comprenais la tactique de Mama… Si elle pouvait arriver à la lisière du Marais-où-l’on-meurt sans être atteinte, elle obliquerait à gauche et la forêt pétrifiée était tout près de là. Une fois dans la forêt, elle leur échapperait sans peine.

Les flèches commencèrent à voler. Les Masques s’étaient déployés en une longue ligne de tireurs et je sus tout de suite que Mama était perdue parce qu’ils avaient compris ce qu’elle tentait de faire. La longue ligne de tireurs se refermait du côté de la forêt…

Mama comprit qu’elle ne pouvait plus passer. Trop tard. Accepter les flèches des Masques ? Elle savait, comme moi, comme nous tous, que les Masques ne la tueraient pas tout de suite, qu’ils s’acharneraient sur elle, qu’elle souffrirait atrocement. Alors que le marais, là, tout près, c’était la mort quasi instantanée. Oh oui ! nous en avions vu mourir, des nôtres, dans le marais ! Après quelques pas, ils s’immobilisaient, ouvraient la bouche toute grande, respiraient deux ou trois fois… et s’effondraient, inertes. Fini. Alors que tomber entre les mains des Masques …

03-JE SAVAIS QU’ ELLE-le(Ou P G)

*

Parce que ç’aurait été donner une indication aux Masques qui allaient certainement me chercher.

Elle fonça vers le marais. Aurait-elle le temps de l’atteindre ? Plusieurs flèches l’avaient déjà frôlée… Je ne sais pourquoi, je me dis que les Masques étaient de bien piètres tireurs et que, moi, à leur place… Et je ne me trompais pas ! Plus tard, j’en acquis la certitude : ils n’avaient pas la force physique suffisante pour tendre leurs arcs ! Et je devais comprendre pourquoi quelques années plus tard, quand j’entrai dans le Terrier.

Mama abandonnait le terrain rocheux et fonçait dans le marais dont la surface nue se boursouflait au soleil.

Elle fit cinq ou six pas, puis ouvrit la bouche toute grande, respira deux ou trois fois… et tomba face contre terre, juste au moment où une flèche l’atteignait. Trop tard pour la flèche. Les Masques devaient être très déçus…

Ils s’engagèrent dans la boue, se penchèrent sur le corps de Mama. L’un d’eux essaya de la soulever par les épaules, ne put y parvenir. D’ailleurs, il dut constater qu’elle était morte, car il écarta les bras en un geste d’impuissance et de colère.

Ils revinrent sur le sol ferme et commencèrent à me chercher.

Et, bien entendu, ils ne me trouvèrent pas.

PLANÈTE POLLUÉE – Paul BERA -01

Planète polluée - couvertureIl y a près de 50 ans, Paul Bera écrivait dans la collection fleuve noir (troisième version de la couverture N°623) un roman d’anticipation qui évoquait déjà les problèmes dans lesquels (une partie de) l’humanité se débat, en rapport avec la pollution croissante de l’environnement de la vie actuelle (plantes, animaux, dont l’homme) :

Dans un prologue, deux personnes patrouillent dans un vaisseau spatial pour mettre à jour la cartographie du ciel. Et notamment, vérifier l’évolution des planètes habitées.

En ce qui est d’ordinaire un travail de routine particulièrement monotone …

 


En effet, un seul coup d’œil suffit. Gork tressaillit.

La photo montrait deux calottes polaires toutes blanches, couvertes de glace ou d’un gaz solidifié.

Or, sur l’image qu’il apercevait sur l’écran, il n’y avait pas la moindre trace de calottes polaires. Il siffla longuement. Ces missions de routine étaient calculées de façon à étudier les planètes toujours à la même époque, par rapport bien sûr à la planète elle-même. L’étoile mère n’avait connu aucune modification appréciable. Il ne pouvait donc s’agir d’une fonte des glaces due à un phénomène saisonnier.

— Combien de temps ? demanda-t-il.

— Faudrait le calculer, répondit-elle. Mais, d’après notre temps à nous, ça correspond tout au plus à deux ou trois cents révolutions de ce globe autour de son soleil.

De nouveau, il sifflota.

— Donc, catastrophe et non évolution naturelle, conclut-il.

Elle hochait la tête et ajoutait :

— Regarde… Là !

Du doigt, elle montrait les Instructions au niveau du numéro accordé à la planète insolite. À droite, dans un petit rectangle, il y avait un signe ; un signe que l’on rencontrait moins d’une fois sur dix mille…

— C’est pour ça que j’ai orienté la lunette, murmura Gora.

Il recommençait à siffloter. La troisième planète de ce système était – ou avait été – habitée par des êtres intelligents.

Gork soupira. La disparition des calottes glaciaires témoignait d’un bouleversement climatique considérable. Peut-être, pour quelque raison inconnue, …

L’ INCLINAISON DE L’ AXE-le

(ou P G)

On allait sonder ce globe, essayer de savoir si les êtres intelligents avaient survécu. Peut-être Gora avait-elle raison et cela valait-il la peine d’interrompre la mission… Il ne demandait que ça ! Mais il fallait une certitude.

— Passe les Instructions sur l’écran, ordonna-t-il.

— Il y en a très long ! Peut-être vaudrait-il mieux, avec l’hypno, assimiler les données et…

— Passe-les sur l’écran. J’aime voir. Le temps d’aller là-bas, nous aurons tout vu.

Des images apparurent : les films tournés lors de la mission précédente (ils n’étaient pas encore nés, bien sûr…). La planète, de plus en plus proche, avec ses deux calottes glaciaires… De grandes cités, des engins de transport volants dont certains tentaient de suivre l’appareil de reconnaissance, mais des engins rudimentaires, certainement mus par des procédés chimiques. Tiens ? Une fusée qui décollait sous la poussée d’un réacteur…

Une note apparut dans l’angle de l’écran. Elle annonçait que ce monde commençait à domestiquer l’énergie nucléaire. On en avait eu la preuve par certaines explosions caractéristiques.

Hélas ! Il semblait que ce fut à des fins plus militaires que pacifiques. »

Gork grogna :

— Je crains que nous ne tenions la réponse. Ils ont voulu faire joujou avec des forces qui les dépassaient. Ça explique tout.

Il se trompait. Certes, les habitants de la troisième planète avaient, hélas ! cherché à faire « joujou » avec cette force – dont ils disposaient… mais ça n’expliquait rien.

* *
*

… La soucoupe volante passa et repassa au-dessus d’océans sans vagues et de continents déserts. Partout, des ruines d’immenses cités sans un seul habitant. Pas un engin volant dans le ciel…

Fébriles, Gork et Gora s’affairaient à de nombreuses mesures et comparaient avec les données des Instructions.

La conclusion était évidente. En deux ou trois centaines de révolutions autour de l’astre central et alors que la radioactivité tout en s’étant considérablement accrue, demeurait encore supportable pour les êtres qui avaient peuplé la planète, ceux-ci semblaient avoir disparu.

— Modification considérable dans la composition de l’atmosphère, conclut Gora. Pratiquement plus d’oxygène… Proportion exagérée de gaz carbonique… Beaucoup d’oxyde de carbone…

Ce n’était évidemment pas ces mots qu’elle employait.

La troisième planète semblait morte. Ils décidèrent alors d’interrompre leur mission et de rendre compte à leurs chefs.

* *
*

Mais qui peut connaître demain ? Erreur de pilotage ? Défaillance des instruments de bord ?

À l’instant même où la soucoupe volante quittait ce système planétaire afin de passer en super-propulsion, elle se désintégra.

Des dizaines, voire des centaines d’années s’écouleraient avant qu’une autre expédition de routine constate de nouveau que la planète 3 du système de Sol n’était plus habitée.

Ou si peu…

S


smog en Chine

Smog en Chine