11 Octobre 1873 …

Le monde illustré rend compte du procès du Maréchal Bazaine.

En préalable, Jules Noriac fait un long développement concernant les issues possibles du procès. Avec une conclusion concernant le public, à la manière dont on juge une pièce de théâtre …

« il ne fera pas d’argent »

(extrait)

Eh bien, l’opinion des prophètes est que le procès du maréchal ne fera pas d’argent, (…), parce que le dénouement sera insignifiant.
Le mot insignifiant, qui paraît singulier, est le seul mot qui puisse être employé dans l’espèce’; je le prouve :
1) Que M. le maréchal soit condamné à mort, — c’est une simple hypothèse, — qu’arrivera-t-il?
Pour le maréchal lui-même, la mort est la chose la plus insignifiante du monde; ceux qui le connaissent savent bien cela.
On fusille le maréchal, — c’est toujours une hypothèse, — quel sera l’effet de cette exécution? Il ne faut pas plus de

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… ou endormies.
D’ailleurs, on sait comment meurent les gens bien élevés.
2) Seconde hypothèse : le maréchal est condamné au bannissement, c’est-à-dire à la dégradation. N’est-ce point encore la mort?
Bazaine exile, dégradé. Bazaine est mort.
3) Troisième hypothèse : le maréchal ne subit qu’un simple blâme. Le maréchal est mort.
4) Quatrième hypothèse : le maréchal est acquitté, mis en liberté sur l’heure. Eh bien! le maréchal n’en est pas moins mort.
Tout commandement lui devient impossible. Or, Bazaine sans commandement est un homme mort, bien mort.

Jules Noriac envisage en liaison avec cette 4ème possibilité, que l’on puisse tout de même confier un commandement à Bazaine. C’est l’occasion d’évoquer le sort de ceux qui interviennent, d’un côté où de l’autre dans un conflit. (De nombreuses interventions de cette nature ont, un peu partout dans le monde, été catastrophique pour l’intervenant, y compris non guerrier.)

Dans ce dernier cas, il lui resterait peut-être une ressource : prendre un commandement à l’étranger, faire des prodiges de bravoure et de tactique.
Ce serait parfait, mais c’est plus difficile qu’on ne croit.
On ne se bat plus beaucoup dans l’univers.

Oh ! si !
Il y a les guerres civiles; mais après toutes les guerres civiles on finit par s’embrasser, et le héros qui est venu fourrer son épée entre l’ordre et le désordre est toujours assez mal vu des deux partis.
Défenseur de l’ordre, il passe à l’état de …

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… Donc, pas de dénouement possible dans ce triste procès.


Deux des hypothèses ont été validées par le procès, ainsi que sa conclusion.
Puisque le maréchal Bazaine a été condamné à mort, puis gracié et condamné à de la prison.

[Almanach] Frantz Kafka …

[Ce roman aurait (?) été inspiré par une rencontre (?) dans un café, entre Frantz Kafka et un autrichien qui pourrait être (?) Adolf  Hitler lui-même]

Le vendredi 12 mai 1995, « le procès » est publié en format de poche (éditions pocket).
L’oeuvre a été traduite pour la première fois en 1933.

RETOURNEZ DANS VOTRE CHAMBRE -letcr1-exp

[à cliquer pour obtenir le parcours de lecture

 

L’extrait complet


Sur Oeuvresouvertes on trouvera le travail de Laurent Margantin qui se propose de donner une relecture de l’oeuvre à l’occasion du centenaire de sa parution.

Récemment il vient d’ouvrir un MOOC dédié à Frantz Kafka (cours en vidéo)
Le premier cours est dédié à « la question du père » (de première importance chez l’auteur du procès)


Prologue de l’adaptation de Orson Welles

 

Le feuilleton de France Culture (premier épisode)

Pour les autres épisodes

 


« Il faut tout de même, dit K., que Mme Grubach… »
Et il fit un mouvement, comme pour s’arracher aux deux hommes qui se tenaient pourtant loin de lui, et voulut continuer son chemin.
« Non, dit celui qui était près de la fenêtre, en jetant son livre sur une petite table et en se levant, vous n’avez pas le droit de sortir, vous êtes arrêté.
– Ça m’en a tout l’air, dit K. Et pourquoi donc ? demanda-t-il ensuite.
– Nous ne sommes pas ici pour vous le dire. Retournez dans votre chambre et attendez. La procédure est engagée, vous apprendrez tout au moment voulu. Je dépasse ma mission en vous parlant si gentiment. Mais j’espère que personne ne m’a entendu en dehors de Franz qui vous traite lui-même sur un pied d’amitié contraire à tous les règlements. Si vous continuez à avoir par la suite autant de chance qu’avec vos gardiens, vous pouvez avoir bon espoir. »
K. voulut s’asseoir, mais il s’aperçut alors qu’il n’y avait plus aucun siège dans la pièce, excepté la chaise près de la fe-nêtre.
« Vous reconnaîtrez plus tard, dit Franz, combien nous vous avons dit vrai », et il s’avança sur lui suivi de son compa-gnon.
K. fut énormément surpris, surtout par le dernier, qui lui tapa à plusieurs reprises sur l’épaule. Tous deux regardèrent sa chemise de nuit et déclarèrent qu’il lui faudrait en mettre une bien plus mauvaise, mais qu’ils veilleraient avec grand soin sur cette chemise comme aussi sur tout le reste de son linge, et qu’ils le lui rendraient au cas où son affaire finirait bien.
« Il vaut beaucoup mieux, lui dirent-ils, nous confier vos objets à garder, car, au dépôt, il se produit souvent des fraudes et d’ailleurs on y revend tout, au bout d’un temps déterminé, sans s’inquiéter de savoir si le procès est fini. Or, on ne sait ja-mais, surtout ces derniers temps, combien ce genre d’affaires peut durer. Au bout du compte le dépôt vous rendrait bien le produit de la vente, mais d’abord ce ne serait pas grand-chose, car ce n’est pas la grandeur de l’offre qui décide du prix, mais celle du pot-de-vin, et puis l’expérience montre trop que ces sommes diminuent toujours avec les années en passant de main en main. »