… de Charleville, ville natale du, poète. D’après une maquette retrouvée, on a reconstitué le buste qui vient d’être replacé sur son socle.
L’Oeuvre, qui ici dénonce le rapt par les Allemands, de la statue d’un poète, pour en faire probablement du canon, va changer son fusil d’épaule, lors de la seconde guerre mondiale. Du fait des journalistes qui ont fait son succès, après avoir été favorables à la gauche et à la cause des femmes, glisseront vers un antisémitisme fortement affiché puis, lors de la seconde guerre mondiale, iront jusqu’à la collaboration avec cet Allemand guerrier, autrefois cible de leur reproche. Ce qui vaudra au journal de disparaitre, après avoir été dirigé par Marcel Déat
… est né celui qui sera une étoile filante de première grandeur, dans le ciel aux mouvements mesurés de la poésie du 19ème siècle.
Un article publié huit années avant la mort de Rimbaud, dans lequel l’auteur de l’article déclare celui-ci « défunt« , est consacré à la publication de Paul Verlaine « Les poètes maudits »
(extrait de l’article)
M. Paul Verlaine a publié dans le journal Lutèce une suite de notes très curieuses sur les poètes Corbière, Rimbaud, Mallarmé. Ces études, rassemblées en un coquet volume, ont paru, chez Vanter. Titre : les Poètes maudits Nous …
… savoureux. Mais M. Stéphane Mallarmé ne nous semble pas ici à la place. Incomparablement supérieur aux précédents, le poète ne se dresse-t-il pas entre les grands Parnassiens, dont il est un des plus purs et des plus exquis ? Les inspirations de la première heure, parues dans le premier Parnasse, n’ont point d’égales. Puis, pourquoi l appeler maudit? M. Stéphane Mallarmé est, entre tous, le poète « volontaire et voulu. » Il a fait sa destinée. Elle n’est nullement maudite, sera glorieuse demain, et l’œuvre qu’il élabore, grande.. N’importe, curieux livre que ces Poètes Maudits. Les portraits sont bizarres. Puis, c’est signé d’un poète. Et grand poète, cet auteur des Poèmes saturniens, de Sagesse, des Fêtes galantes, ce Paul Verlaine qui est par excellence le poète maudit.
Ce jugement concernant notamment Rimbaud est confirmé par la publication du « Bulletin de l’imprimerie et de la librairie » :
Librairie Vanier. — « Les Poètes maudits« , par Paul Verlaine. Un curieux petit volume où M. Verlaine défend contre l’indifférence ou les railleries du public trois poètes d’un tempérament fort étrange, en effet, Tristan Corbière, Arthur Rimbaud, …
… ou Rimbaud. Ces poètes ont trouvé en M. Paul Verlaine un défenseur très chaud, très ardent, très convaincu, qui a donné là un fort bel exemple de confraternité.
Dans cet écrit de Verlaine, cet exemple de confraternité, Verlaine semble parfois très loin de son ami Rimbaud :
L’homme était grand, bien bâti, presque athlétique, au visage parfaitement ovale d’ange en exil, avec des cheveux châtain clair mal en ordre et des yeux d’un bleu pâle inquiétant. Ardennais, il possédait, en plus d’un joli accent de terroir trop vite perdu, le don d’assimilation prompte propre aux gens de ce pays-là, ce qui peut expliquer le rapide …
Nous nous occuperons d’abord de la première partie de l’œuvre d’Arthur Rimbaud, œuvre de sa toute jeune adolescence, gourme sublime, miraculeuse puberté pour ensuite examiner les diverses évolutions de cet esprit impétueux, jusqu’à sa fin littéraire. Ici une parenthèse, et si ces lignes tombent d’aventure sous ses yeux, qu’Arthur Rimbaud sache bien que nous ne jugeons pas les mobiles des hommes et soit assuré de notre complète approbation (de notre tristesse noire, aussi) en face de son abandon de la poésie, pourvu, comme nous n’en doutons pas, que cet abandon soit, pour lui, logique, honnête (!) et nécessaire.
On peut préférer ce qu’un autre écrivain – de ces lieux de prompte assimilation mais dont la veine ne s’est pas desséchée (pas plus, j’y crois dur… , que celle de Rimbaud !!! ) – a pu écrire à propos de son compatriote (au sens fort du mot).
« C’est Rimbaud qui m’a enseigné la méthode aberrante convenant à une nullité originelle. Cette méthode consiste à ne pas s’intéresser aux idées générales, à l’ordre, mais aux ruptures de l’ordre. » Cette solitude sauvage, dans la paresse ou dans l’enthousiasme, ne fait pas de lui un rustre honnête. … cet homme sincèrement misérable et sincèrement ignorant possède au moins une connaissance qui contient tout : la nature et lui-même n’ont aucune raison d’exister et cependant existent comme une réalité, déjà infinie du fait qu’elle est une exception au néant. (Elle est retrouvée ! Quoi ? L’éternité !) Dans son cœur comme devant ses yeux, s’éveille chaque jour ce que tout le monde appelle la création et qui est par elle-même la manifestation impossible à nier, d’une liberté partout exaltée sans efforts. Ne pouvant même pas songer qu’il ait autre chose à faire que de vivre à sa guise, comment ne se laisserait-il pas prendre par la violence de ses sentiments ou de ses découvertes, et par la nouveauté d’un spectacle assez étonnant.
Pierre Minet aurait pu être le cinquième personnage du Grand Jeu
Renée Daumal, Roger Gilbert Lecomte, Robert Meyrat.
Il fut fugitivement « leur Rimbaud à eux« .
C’est avec une poésie de Rimbaud que Roger Gilbert Lecomte, tenta de réconforter Pierre Minet, incompris de sa mère qui venait de lui jeter un flacon au visage (il avait alors 16 ans).
« Et la Mère, fermant le livre du devoir, S’en allait satisfaite et très fière, sans voir, …
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Parcours de lecture
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En clair
Et la Mère, fermant le livre du devoir, S’en allait satisfaite et très fière, sans voir, Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences L’âme de son enfant livrée aux répugnances.
Tout le jour il suait d’obéissance ; très Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits, Semblaient prouver en lui d’âcres hypocrisies. Dans l’ombre des couloirs aux tentures moisies, En passant il tirait la langue, les deux poings À l’aine, et dans ses yeux fermés voyait des points. Une porte s’ouvrait sur le soir : à la lampe On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe, Sous un golfe de jour pendant du toit. L’été Surtout, vaincu, stupide, il était entêté À se renfermer dans la fraîcheur des latrines : Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.