21 Octobre 1790 …

… un des hommes qui a signé « l’émancipation des noirs » en 1848, après avoir défendu cette cause pendant de nombreuses années.

Extrait d’un texte dans lequel Lamartine évoque les efforts et les doutes relativement à l’application de cet abolition de l’esclavage.

Depuis 1834 les hommes politiques qui croient que les gouvernements doivent avoir une âme, et qu’ils ne se légitiment aux yeux de Dieu que par des actes de justice et de bienfaisance envers les peuples, s’étaient formés à Paris en société pour l’émancipation des noirs ; j’y fus admis à mon retour d’Orient ; je fus édifié des maximes de haute philanthropie et de religieuse charité qui retentirent dans cette réunion et qui se furent dans ses publications ; mais je fus effrayé du vague mal défini de ses tendances, et je craignis que ces appels éloquents, jetés tous les mois, de l’Europe, à la liberté des noirs, ne fussent pris par les colons pour …

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… de ravage dans nos colonies. Je fis part de ces craintes à la société, et je formulai un système pratique et équitable d’émancipation de l’esclavage à peu près semblable à celui que nous avons si heureusement appliqué en 1848.

Lamartine, dans ce même esprit, revient sur des faits peu glorieux dans l’histoire de la France et qui concernent l’homme responsable du retour de l’esclavage en 1802 et l’ancien esclave Toussaint Louverture, que le Napoléon 1er, ne pouvant le vaincre en Haïti (alors Saint Domingue) a attiré traîtreusement en France en lui faisant espérer la signature d’un traité de paix.
Poète, mais aussi homme de théâtre, Lamartine a en effet écrit une pièce dont le titre est « Toussaint Louverture« 

Gustave Planche de la Revue des Deux Mondes étrille la pièce et reproche à son auteur de s’y occuper de politique, le renvoyant vertement à la poésie.

(Conclusion de son article)

Depuis trente ans, M. de Lamartine est en possession d’une gloire que personne ne songe à contester ; est-il sage de tenter aujourd’hui une gloire nouvelle, d’abandonner la route qu’il connaît pour s’aventurer dans un pays plein de ténèbres et d’embûches ?
L’encourager dans cette entreprise, c’est vouloir compromettre sur un coup de dé la renommée légitime qu’il s’est acquise ; lui dire qu’il pourra quitter, dès qu’il le voudra, les habitudes de trente années, c’est lui donner une espérance mensongère, c’est l’abuser par une promesse perfide. Sa part est assez belle pour qu’il s’y tienne et s’en contente. Essayer à cette heure une …

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… les personnages de l’histoire, c’est une tentative que la raison désavoue, dont ses vrais amis doivent le détourner. Et puisqu’un beau livre est une lettre adressée aux amis inconnus, tous les admirateurs de M. de Lamartine doivent le conjurer de renoncer au théâtre.

Gustave Planche, suggère ici aux amis de Lamartine de le détourner du Théâtre.
Lui-même, s’il faut en croire la revue mensuelle « Le livre », des amis, n’en avait guère. Il semblerait qu’il ait sacrifié l’amitié (et même l’argent) à l’honnêteté de son métier de critique.

(Sous le titre « Le critique Maudit)
Il y aura tout à l’heure trente ans que Gustave Planche est mort. Aucun critique n’a, de son vivant, provoqué plus de colères, soulevé plus de haines, accumulé plus de rancunes. Après trente ans, son nom, lorsqu’il vient à être prononcé, suffit à exaspérer quelques-uns des contemporains survivants de cette autorité disparue.
Au lendemain de sa mort, les deux seuls écrivains qui avaient partagé avec lui la fonction, j’allais dire le droit, de juger les hommes et les œuvres, Jules Janin et Sainte-Beuve, agirent bien différemment envers sa mémoire, mais, quoique le haïssant également, prouvèrent que cette mémoire était de celles destinées à survivre.
Janin se rendit aux obsèques de Gustave Planche et fit, au cimetière, l’éloge de son ennemi.
Sainte-Beuve chercha un prétexte, en inventa un plutôt, et sous couleur de défense posthume d’Horace Vernet, accabla Gustave Planche sous un lundi formidable, demeuré célèbre.
L’homme qui pendant vingt-cinq ans exerça sur la littérature et sur l’art une influence aussi redoutée, qui, après sa mort, oblige un habile comme Janin à réserver le jugement de l’avenir et réduit un venimeux comme Sainte-Beuve à se venger seulement sur un cercueil, l’homme enfin dont le convoi funèbre, de dernière classe, a été suivi jusqu’au cimetière. par Victor Cousin, Alfred de Vigny, Amédée Thierry, Chenavard et bien d’autres noms incontestés, cet homme-là a été quelqu’un.
La haine, qui ne désarme pas devant …

… officiel et n’a été qu’homme de lettres, elle est un honneur. On peut contredire, réfuter, nier même les théories de Gustave Planche: il n’en a pas moins laissé une œuvre convaincue, désintéressée jusqu’au mépris des deux seules choses qui rendent la vie aimable: les amitiés et l’argent, et un nom honnête.

Un article récent a quelque peu réhabilité Gustave Planche, (Portrait de Gustave Planche en porte-étendard de la critique littéraire) rappelant ses qualités en tant que critique et expliquant la perception de l’homme par une auto-dérision (voire davantage) de Gustave Planche qui le poussait sans cesse à se présenter constamment sous les pires aspects possibles, tant au niveau vestimentaire que dans ses échanges. Dans une forme d’autoportrait (« l’homme sans nom« )on peut en effet lire

« Quand il s’est bien moqué de ses amis, qu’il aime d’ailleurs et qu’il oblige autant qu’il est en lui, il se moque de lui-même. Il fait l’autopsie de ses moindres souhaits; il promène le scalpel dans ses moindres ambitions, et il rit quand la fibre de ses vœux se déchire sous le tranchant de la parole » 
(…)
« il est entré dans le monde sous de mauvais auspices; il a provoqué l’étonnement et une curiosité mêlée de défiance » 
(…)
« du jour où il cessera d’être l’homme sans nom, quand les marchands de modes pourront louer sa pensée à tant le volume, ce sera peut-être tout simplement un homme ridicule et médiocre »

20 Octobre 1854 …

… est né celui qui sera une étoile filante de première grandeur, dans le ciel aux mouvements mesurés de la poésie du 19ème siècle.

Un article publié huit années avant la mort de Rimbaud, dans lequel l’auteur de l’article déclare celui-ci « défunt« , est consacré à la publication de Paul Verlaine « Les poètes maudits »

(extrait de l’article)

M. Paul Verlaine a publié dans le journal Lutèce une suite de notes très curieuses sur les poètes Corbière, Rimbaud, Mallarmé. Ces études, rassemblées en un coquet volume, ont paru, chez Vanter. Titre : les Poètes maudits
Nous …

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… savoureux. Mais M. Stéphane Mallarmé ne nous semble pas ici à la place. Incomparablement supérieur aux précédents, le poète ne se dresse-t-il pas entre les grands Parnassiens, dont il est un des plus purs et des plus exquis ?
Les inspirations de la première heure, parues dans le premier Parnasse, n’ont point d’égales. Puis, pourquoi l appeler maudit?
M. Stéphane Mallarmé est, entre tous, le poète « volontaire et voulu. » Il a fait sa destinée.
Elle n’est nullement maudite, sera glorieuse demain, et l’œuvre qu’il élabore, grande..
N’importe, curieux livre que ces Poètes Maudits.
Les portraits sont bizarres. Puis, c’est signé d’un poète. Et grand poète, cet auteur des Poèmes saturniens, de Sagesse, des Fêtes galantes, ce Paul Verlaine qui est par excellence le poète maudit.

Ce jugement concernant notamment Rimbaud est confirmé par la publication du « Bulletin de l’imprimerie et de la librairie » :

Librairie Vanier. — « Les Poètes maudits« , par Paul Verlaine.
Un curieux petit volume où M. Verlaine défend contre l’indifférence ou les railleries du public trois poètes d’un tempérament fort étrange, en effet, Tristan Corbière, Arthur Rimbaud, …

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… ou Rimbaud.
Ces poètes ont trouvé en M. Paul Verlaine un défenseur très chaud, très ardent, très convaincu, qui a donné là un fort bel exemple de confraternité.

Dans cet écrit de Verlaine, cet exemple de confraternité, Verlaine semble parfois très loin de son ami Rimbaud :

L’homme était grand, bien bâti, presque athlétique, au visage parfaitement ovale d’ange en exil, avec des cheveux châtain clair mal en ordre et des yeux d’un bleu pâle inquiétant.
Ardennais, il possédait, en plus d’un joli accent de terroir trop vite perdu, le don d’assimilation prompte propre aux gens de ce pays-là, ce qui peut expliquer le rapide

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… n’avait pas toujours. tort, en fin de compte !

Nous nous occuperons d’abord de la première partie de l’œuvre d’Arthur Rimbaud, œuvre de sa toute jeune adolescence, gourme sublime, miraculeuse puberté pour ensuite examiner les diverses évolutions de cet esprit impétueux, jusqu’à sa fin littéraire.
Ici une parenthèse, et si ces lignes tombent d’aventure sous ses yeux, qu’Arthur Rimbaud sache bien que nous ne jugeons pas les mobiles des hommes et soit assuré de notre complète approbation (de notre tristesse noire, aussi) en face de son abandon de la poésie, pourvu, comme nous n’en doutons pas, que cet abandon soit, pour lui, logique, honnête (!) et nécessaire.

On peut préférer ce qu’un autre écrivain – de ces lieux de prompte assimilation mais dont la veine ne s’est pas desséchée (pas plus, j’y crois dur… , que celle de Rimbaud !!! ) – a pu écrire à propos de son compatriote (au sens fort du mot).

« C’est Rimbaud qui m’a enseigné la méthode aberrante convenant à une nullité originelle. Cette méthode consiste à ne pas s’intéresser aux idées générales, à l’ordre, mais aux ruptures de l’ordre. »
Cette solitude sauvage, dans la paresse ou dans l’enthousiasme, ne fait pas de lui un rustre honnête. … cet homme sincèrement misérable et sincèrement ignorant possède au moins une connaissance qui contient tout : la nature et lui-même n’ont aucune raison d’exister et cependant existent comme une réalité, déjà infinie du fait qu’elle est une exception au néant. (Elle est retrouvée ! Quoi ? L’éternité !)
Dans son cœur comme devant ses yeux, s’éveille chaque jour ce que tout le monde appelle la création et qui est par elle-même la manifestation impossible à nier, d’une liberté partout exaltée sans efforts. Ne pouvant même pas songer qu’il ait autre chose à faire que de vivre à sa guise, comment ne se laisserait-il pas prendre par la violence de ses sentiments ou de ses découvertes, et par la nouveauté d’un spectacle assez étonnant.

19 Octobre 1891…

… Le charivari publie une caricature prémonitoire.

Ce dessin est censé évoquer la réaction du premier ministre italien, suite à un incident qui, au Panthéon de Rome, a vu des pèlerins français violentés par des habitants de la cité qui croyaient à une malveillance de la part de l’un d’eux.
On voit le ministre se précipiter avec deux seaux pour éteindre l’incendie, deux seaux remplis de pétroles.

Mais c’est précisément ce qu’on lui reprochera 5 ans plus tard, à l’occasion d’affrontements dans l’île de Crête, faisant partie alors de l’empire Ottoman, entre des chrétiens et des musulmans.

(Télégramme du consul d’Italie en Crête qui évoque les évènements)

Pour des raisons encore inconnues, une bagarre éclate dans la ville entre chrétiens musulmans.
(…) j’ai pu me rendre en ville avec beaucoup de difficulté.
Ville en armes, terrifiée : combats dans les rues : situation critique…manque de moyens de répression; troupes insuffisantes.
Grand danger : dix victimes connues à ce jour, dont des cavas russes (?) grecs.
Présence d’impuissance de l’autorité, je ne peux pas répondre à la sécurité nationale
Je crois qu’il est nécessaire d’envoyer le navire de guerre Canea.
Rettimo se trouve également dans une situation critique, où des musulmans armés font irruption dans les foyers chrétiens : des collègues ont télégraphié de manière identique.

(Ce qu’on reproche au premier ministre italien)

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18 Octobre 1802 …

… naissait quelqu’un qui allait occuper en France l’équivalent d’un premier poste de Ministre de la Culture : Ludovic Vitet et qui sera membre de l’Académie Française

Un de ses écrits est consacré à ce que la France a pu acquérir de la plus grande collection d’art antique de l’époque, celle qu’a constitué Giampietro Campana dont le nom a été donné à une galerie du Louvre …

(extrait)

« Dans le nombre de ces objets, il y a un vase qui est unique au monde par la beauté de la fabrique et par une circonstance, jusqu’ici encore sans exemple, qui le rend le monument le plus célèbre peut-être de la céramique grecque venu jusqu’à nous.
C’est un vase de très-grande proportion, à trois manches, à vernis noir, le plus fin, et le plus brillant qui se puisse voir : il est orné à plusieurs hauteurs de frises sculptées en terre cuite et dorées; mais ce qui lui donne une valeur inestimable, c’est une frise de figures de quatre à cinq pouces de hauteur, sculptées en bas-relief, avec les têtes, les pieds et les mains dorées, et les habits peints de couleurs vives, bleues, vertes, du plus beau style qui se puisse imaginer.
Plusieurs têtes, dont la dorure s’est détachée, laissent voir le modelé, qui est aussi fin, aussi achevé que celui du plus beau camée antique.
En résumé, c’est une merveille à laquelle je ne connais rien de comparable.
»

Un tel témoignage, à coup sûr, nous préparait à ouvrir de grands yeux. Même en faisant la part de cette exagération naturelle que tout voyageur se permet en racontant ses découvertes, nous ne pouvions douter qu’il n’y eût là quelque chose de tout à fait considérable, une véritable nouveauté. Eh bien, nous n’aurions eu aucun avis, nous serions venu sans rien savoir, comme au hasard, que notre étonnement n’eût pas été plus grand. D’abord la lettre ne parlait que d’un seul vase, et en effet on commençait par n’en voir qu’un, tant celui-là éclipsait tous les autres; mais en …

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… se distinguant les uns des autres que par la diversité des formes.

C’était déjà un saisissant spectacle que cet ensemble inattendu et cette unité de décors ; puis chaque vase pris à part semblait un modèle d’élégance. Rien d’aussi pur et d’aussi distingué que l’ornementation de ces frises, simple branche de feuillage sculptée en relief et vivement dorée, se détachant sur ce fond noir comme une ceinture autour du vase.
Où aviez-vous vu rien de semblable? Quel cabinet, quel musée vous en offrirait le moindre exemple? Et ce n’était pas une pièce isolée, c’était un groupe, une famille, vingt-trois vases en mot, faisant cortège, pour ainsi dire, à celui qui les dominait tous, comme un monarque dans sa cour.
Pour le décrire, ce roi des vases, les paroles que nous avons citées, quelques vives et presque hyperboliques qu’elles puissent paraître, n’en sont pas moins encore tout à fait impuissantes. Ici les feuilles d’or n’étaient plus l’ornement principal; bien que plus importantes et plus multipliées, elles servaient seulement d’accompagnement, de cadre à la véritable frise, à ce bas-relief circulaire formant autour du vase comme un cordon de figurines, délicieux spécimen de statuaire polychrome. L’esprit, la pose, l’attitude de ces douze divinités (c’est bien là leur nombre, ce nous semble), la finesse du modelé, la douce harmonie des teintes, et avant tout la franchise du style, également exempt d’archaïsme et de convention, accusant nettement les beaux temps de l’art grec, nous ne savons pas de mots pour peindre tout cela, pour en donner seulement une idée.

Dans ce paragraphe, Ludovic Vitet évoque en fait les pièces qui ont échappé à la France car acquise avant que la France soit parvenu à conclure l’achat de la collection.

17 Octobre 1909 …

… le journal des voyages et des aventures de terre et de mer passe par la culture de l’islam

et brosse un tableau assez méprisant de ses pratiques en rapport avec ses « saints ». Il traîte de même des « superstitions » que, le rédacteur de l’article aurait pu rapprocher, notamment d’autres offrandes – plus courantes à cette époque qu’à la notre – faites dans les églises sous la forme que l’on nomme EX VOTO.

(court extrait)

Après avoir suspendu des offrandes …

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… maison de nombreux enfants.

Conclusion de l’article :

Ces Marabout ont été en Algérie et sont au Maroc et en Mauritanie les adversaires résolus de la France dont ils craignent la justice. Leur vertu leur vaut en effet la considération des musulmans et de fructueuse aumônes ou ziaras.
Et bien souvent …

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… nous interdisent de graisser.

(L’image associée ne souhaite en rien blesser qui que ce soit, aucun dont n’est blâmable, lorsque son intention n’est pas destructrice.)

16 Octobre 1903 …

… La marche des midinettes (12 km) est confirmée, en son parcours et ses inscriptions, dans le quotidien le Monde Sportif.

Les midinettes de l’époques n’ont rien à voir avec celles que désignent – pour qui l’emploie encore – de nos jours cette expression.
Il s’agit ici des « honnêtes petites ouvrières parisiennes qui vont généralement à pied. » … « Travaillant loin de chez elles, mal payées, elles devaient se contenter de déjeuner sur le pouce, souvent sur le banc d’un square.« 

L’organisation sera vite débordée par les demandes d’inscriptions et organisera de façon plus ou moins improvisée des concours qui auront peu à voir avec l’épreuve physique et sportive. (concours de beauté par exemple) Le ton des journalistes qui ont annoncé ou suivi l’épreuve serait fort peu apprécié de nos jours, à raison, par la « gente féminine »

(citation)

En un jour, 42 Engagements « Et ce n’est pas fini », comme dit Plessis ! Aujourd’hui, des blondes, rien que des blondes, c’est le soleil qui les fit sortir à coup sûr pour se jouer dans leurs cheveux !

Suivi de la publication d’une lettre :

Une Lettre Nous avons reçu la lettre suivante que nous insérons avec plaisir. La forme originale dans laquelle elle est conçue valait mieux qu’une brève notice :

Monsieur, Je lis ce matin dans votre estimable journal que les brunes dominent jusqu’à présent dans la liste des engagements pour la Marche des Midinettes. 
Afin de rétablir le plus vite possible la balance en faveur des Blondes, je m’empresse de vous envoyer mon engagement, comptant bien arriver à la

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… aux plus foncées…


Le lendemain de l’épreuve l’article qui relate son déroulement, est lui aussi beaucoup moins concerné par le côté sportif de l’épreuve que sur sa spécificité féminine .

VICTOIRE DE M LLE CHEMINEL

J’ai assisté, au cours de ma carrière sportive, à bien des épreuves sensationnelles dont, dès longtemps, le succès avait été escompté par les organisateurs et consacré à l’avance par la foule.
J’ai donné bien des départs dans la cohue des concurrents et la fièvre des commissaires ; j’ai jugé des arrivées dans les poussées de la multitude dont les services d’ordre les mieux compris et les plus intelligemment combinés étaient impuissants à contenir les flots déchaînés. Jamais je n’ai assisté à un spectacle semblable à celui qu’a donné, hier, à Paris et au ruban de la route qui relie la place de la Concorde à la commune de Nanterre, notre Marche des Midi- nettes. Le promoteur de l’idée, notre excellent ami Breittmayer ; le jeune et déjà tout-puissant journal pour lequel je rédige en hâte ce bulletin de victoire, peuvent être, fiers des résultats obtenus, et de la magnifique apothéose de cette saison sportive 1903, au cours de laquelle tant de projets heureux ont été réalisés et tant d’entreprises, téméraires en apparence, menées à bonne fin.

Mlle Jeanne CHEMINEL Gagnante de la Marche des Midinettes. Ce résultat, on le devine, n’a pu être atteint que grâce au concours d’une infinités de dévouements, grâce à l’aide désintéressée d’un faisceau de bonnes volontés.

La gagnante ici disparait dès l’évocation de son nom, derrière la prouesse des … organisateurs !

A tous ceux qui, de près ou de loin, ont bien voulu, dans un esprit, de sportivité et de bonne camaraderie, nous donner le coup de main indispensable, j’adresse ici, au nom du Monde Sportif, l’expression de notre plus entière gratitude. Nous les adressons surtout, ces remerciements, à MM. Orsatti, commissaire divisionnaire; Murail. officier de paix du 1er arrondissement, et Lehls chef du cabinet de M. Touny : aux dix gardes à cheval qui, sans en avoir reçu l’ordre, ont pris l’heureuse initiative de précéder jusqu’au Rond-point de la Défense les masses profondes de nos concurrentes et ont ainsi évité certainement bien des accidents ; aux cinquante gardes à pied et aux trente agents qui ont assuré le service au départ ; aux gendarmes et aux pompiers de Rueil, qui se sont opposés, avec une énergie désespérée, à l’envahissement du contrôle d’arrivée.
Tous, des chefs au plus humble des agents, ont, été admirables de dévouement, et d’énergie. Qu’ils soient tous assurés de la reconnaissance que nous leur conservons. Et maintenant qu’un groupe de mécontents crie à la mauvaise organisation et essaie de jeter le discrédit sur l’entreprise colossale que nous avons menée à bien ; que des envieux, qui n’en sont plus à reculer devant une déloyauté et une félonie, tentent de mettre dans les roues de notre succès les bâtons de leur mauvaise foi — peu nous chaut ! Evidemment, quelques détails de l’organisation de notre Marche des Midinettes ont laissé à désirer ; il s’est produit quelques bousculades ; nous avons à déplorer quelques accidents — heureusement peu graves… Mais ces bousculades ne sont, en somme, que la résultante immédiate de notre triomphe, que nul ne pouvait prévoir aussi complet, aussi colossal, aussi inoubliable ! Allez donc essayer de contenir une multitude avide de voir, de voir quand même et à tout prix? Allez donc résister à l’irrésistible et victorieuse poussée d’un peuple entier qui se rue vers un spectacle alléchant et nouveau dont on lui a dit et dont il attend merveille? Aucun service d’ordre — à moins qu’on ne mobilise pour la circonstance un corps d’armée et la totalité des forces de police dont dispose la capitale — ne saurait avoir raison, d’un semblable enthousiasme, d’un pareil débordement de curiosité. Ceci dit, et après avoir constaté que jamais, même sur le passage des souverains amis et de troupes victorieuses, pareille multitude ne s’était précipitée, je passe aux détails du compte rendu; de cette journée de triomphe.

LE DEPART DES TUILERIES
Aux Tuileries A sept heures du matin, quand je franchis la grille des Tuileries, devant laquelle se promènent mélancoliquement deux agents et un quarteron de noctambules, une bise aigre et frisquette pleure dans les branches dépouillées des ormes. Le ciel pommelé, que consultent avec angoissa les premiers officiels arrivés, n’est pas des plus rassurants.
Cependant, un agent météorologue, qui, sans doute, a été souvent de service dans; les environs de la Tour Saint-Jacques, m’affirme qu’il ne pleuvra pas de la journée. Il fait trop froid.
Le ciel vous entende, brave agent ! Des menuisiers achèvent d’ajuster les tréteaux sur lesquels, tout à l’heure, seront distribués les brassards. Les crieurs du Monde Sportif annoncent Si pleins poumons le numéro spécial, dont, dans un quart d’heure, des milliers et des milliers d’exemplaires seront littéralement arrachés aux vendeurs.
La première Midinette arrivée au contrôle est la gracieuse Mme Jurandon , en jupe trotteuse et corsage vague. M. Jurandon, tambour-major des Touristes de Paris, et quelques clairons de la société se proposent d’accompagner .jusqu’à Nanterre la vaillante marcheuse.
Vers sept heures et demie, les premiers groupes de concurrentes viennent prendre livraison, de leurs brassards ; puis, peu à peu, l’immense jardin s’anime ; un bourdonnement de ruche emplit les allées historiques.
Les Midinettes passent la grille dorée sous le contrôle sévère d’un couple de commissaires.
Les Costumes La diversité des costumes est amusante et pittoresque au dernier point. 
Tous les genres et toutes les formes de coiffures, connus et inconnus, sont représentés, depuis le crâne petit polo, campé sur des cheveux d’or ou de nuit, jusqu’au chapeau de ville — parfaitement ! avec plumes et rubans — en passant par le béret pyrénéen, la toque cycliste, le casque de yachtsman et le chapeau marin. 

Un certain nombre de midinettes sont venues, crânement et sans façonen cheveux, avec la seule forme naturelle de leurs nattes et de leurs boucles soyeuses. Celles-là ne sont pas les moins aguichantes. Quant aux costumes, la variété en est infinie. Très rare la culote cycliste ; mais la trotteuse semble, en revanche, très en faveur. Elle donne aux alertes et souples Midinettes quelque chose de dégagé et d’allant qui leur sied à ravir. 
Gros succès pour une concurrente qui a jugé bon de se faire friser au tout petit fer, comme un caniche de femme du monde. Quelques midinettes ont, il me semble, un peu dépassé l’âge canonique.
Mais l’immense majorité sont charmantes, spirituellement troussées et tout à fait, gamin de Paris, dans le bon sens du mot. Gros succès pour les équipes vêtues de costumes semblables et représentant de grandes maisons de couture et de mode.
Voici le team de Lelong : toquet blanc orné d’un chou de mousseline bleue, les quatre concurrentes de la maison Cheminel (modes).; costume de flanelle blanche, écharpe bleu ciel, nœud bleu dans les cheveux.
Une des midinettes de l’équipe me fait remarquer qu’elle porte les couleurs du Monde Sportif. Merci, mademoiselle ! D’autres teams encore, celui de Rogale ; trois concurrentes coiffées d’un polo blanc et bleu, corsage de flanelle aux mêmes nuances.
Décidément le blanc et le bleu dominent. L’équipe de Raphaël Tuck, neuf marcheuses, porte une écharpe de ruban bleu -marine portant, en lettres d’or, le nom de la maison ; celle de Redken, fort jolie de ton, est vêtue d’un costume marin vert et bleu avec béret aux mêmes couleurs.
La maison Durocher arbore un béret agrémenté d’une large cocarde rouge, écharpe rouge. 
Et tout, cela pépie, s’interpelle, fredonne les refrains en vogue. C’est un mouvement, une joie, une féerie de couleurs et de jolis visages
L’Assistance Dans la foule, maintenant compacte, je note au passage une multitude, de visages connus. Tout ce que Paris compte de notabilités sportives, artistiques et mondaines a tenu à assister au départ des Midinettes.

Les midinettes seront davantage prises au sérieux lorsqu’elles se révolteront en 1917

Et cette lorsque cette marche se sera un peu libéré de cet esprit … (à vous de le qualifier) très parisien.

Comme ici en 1921

15 Octobre 1950 …

… L’hebdomadaire « Radar » (« le tour du monde en 150 images ») consacre un article au sultan du Maroc Mohamed V.

Tous les membres de la famille royale sont évoqués, et notamment, en fin d’article sa fille, la princesse Lalla Aïcha qui pourrait devenir, selon la plume du journal, l’Atatürk (féminin) du Maroc.

(extrait)

La grande fierté de Sidi Mohamed Ben Youssef est sa fille ainée, âgée de 19 ans.
C’est sur elle qu’il se repose pour déclencher le mouvement d’émancipation de la femme musulmane.
Celle-ci a déjà lancé un slogan qui germe peu à peu dans les patios où les femmes rêvent, sans le dire, de sortir sans voile et de n’être plus une esclave.
« La musulmane doit s’instruire et participer à toutes les activité de la vie » a proclamé la princesse Lalla Aïcha.
La jeune fille a reçu une éducation très moderne au lycée. Elle parle couramment l’anglais et le français. Elle conduit sa voiture, s’habille selon le dernier cri de la mode parisienne et se passe de chaperon. Il n’est plus question pour elle, désormais, de se voiler !
Le 12 Mars 1947, jour de l’inauguration d’une école de fillettes musulmanes, la princesse a déclaré :
« Pour qu’aucune fraction du peuple ne soit privée du …

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… la femme musulmane…« 
C’est la première brèche dans le Coran. Les femmes du Maroc peuvent déjà librement disposer de leurs biens.
Les Françaises n’en sont pas encore là ! Dans quelques années, elles disposeront de leur personne et voteront.

Dans un petit encart, sont évoqués LES PROBLEMES DU NATIONALISME MAROCAIN

Ce court paragraphe est clôt par une déclaration encourageante :

Ces problèmes forment …

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… le président Auriol.

Ceci, quelque temps avant que la France destitue, remplace et exile le sultan Mohamed V., trop favorable au courant prônant l’indépendance de son pays et la suppression du régime du « protectorat« . Exil qui a beaucoup influé sur les projets de sa fille.

14 Octobre 1894 …

… une « causerie » à propos des courses de taureaux est proposée en première page du « Panthéon de l’industrie » (hebdomadaire illustré)

On pourrait avoir l’impression, de nos jours, que les courses de taureaux font parties depuis toujours, de la culture de certains « pays » de la France du Sud. La lecture de cette causerie, montrera qu’il faut largement nuancer cette croyance.

(extraits)

Il faudra qu’un poète comique chante la guerre des taureaux. Trop d’incidents ridicules se sont produits depuis le commencement de la querelle pour être laissés dans l’oubli.
L’affaire était bien simple : il s’agissait de décider qu’une loi française serait appliquée sur tout le territoire français. Le sens commun ne permettait même pas de discuter une proposition aussi simple ; mais, de part et d’autre, on a trouvé moyen d’embrouiller la question.
A Nîmes, les meetings succèdent aux meetings avec ou sans le concours des représentants socialistes de Paris. Cependant, à Paris, le gouvernement maintient l’interdiction, et l’on peut lire des articles très montés de ton où il n’est question de rien moins que de céder le Languedoc, le Roussillon, l’Armagnac et le Béarn à l’Espagne si, dans ces contrées, on s’obstine à goûter des jeux espagnols !

(…) Où l’on va voir que l’interdiction envisagée n’est pas une nouveauté, et a été pratiquée, notamment appuyée par l’autorité religieuse.

Par bonheur, voici des renforts.
C’est l’histoire qui nous les fournit. Eclair exhume la bulle De salute gregis du pape Pie V que l’Eglise catholique a mis au rang des saints.
Par cette bulle sont « excommuniés et anathématisés ipso facto » tous ceux, empereurs, rois, chefs d’Etat, évêques, etc…., qui permettent sur les territoires soumis à leur juridiction « ce genre de spectacles sanglants

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… autres bêtes sauvages ». 

L’Eglise a donc, par sa plus haute autorité, le pape, condamné l’utilisation faite des taureaux. Dans des pays où la religion est particulièrement présente (Espagne, Sud de la France)
Elle n’a pas été la seule.

« Vu par l’administration le titre VI de la loi du 3 brumaire an II sur l’organisation des fêtes nationales ; «Considérant que, dans plusieurs communes de son ressort, on continue à Zébrer des têtes locales qui étaient en usage avant l’établissement du gouvernement républicain…
« Considérant, d’autre part, que, dans ces fêles locales les habitants de quelques communes se permettent de faire venir des taureaux indomptés qu’on lance dans une arène, qui poursuivent les citoyens ; qu’il est rare que ces sortes de spectacles finissent sans tuer ou blesser quelque individu; que de tels événements, en affligeant tous les citoyens sensibles, leur font désirer qu’un peuple de frères réunis pour s’amuser ne voient pas la joie publique troublée par la mort, la désolation et le deuil d’une ou de plusieurs familles…
« Après avoir ouï le commissaire du pouvoir exécutif,
« L’administration arrête…:
« Art. 2. — Toutes courses ou combats de taureaux sont interdits dans tout le ressort du département, même lors de la célébration des fêtes républicaines ordonnées par la loi. Il est fait défense aux propriétaires ou gardiens desdits taureaux de les prêter pour cet usage. En cas de contravention, il est enjoint aux municipalités de faire tirer sur lesdits taureaux et les tuer dès qu’ils paraîtront dans l’arène, sans que lesdits propriétaires qui les auront fournis puissent réclamer aucune indemnité. »
Il est difficile d’être plus net et plus formel que l’ « administration » de l’an IV.
Ainsi, il y a cent ans, en se fondant sur une loi de la Convention nationale, on interdisait dans le Gard — c‘est-à- dire surtout à Nîmes, qui proteste aujourd’hui — toute espèce de courses de taureaux. Remarquez qu’en 1894 c’est l’autorité centrale, c’est le gouvernement qui est réduit à imposer l’interdiction de la mise à mort, au nom de la loi.
Il y a cent ans, les Nîmois n’avaient pas attendu qu’on leur donnât cette leçon de légalité, d’humanité et de sagesse.
« Sensibles », eux aussi, les grands-pères des Nîmois d’aujourd’hui avaient, d’eux-mêmes, par leurs autorités locales, condamné les courses de taureaux.
Les petits-fils semblent vouloir renier les actes de leurs aïeux.
Il leur sera pourtant bien difficile de soutenir que les administrateurs du Gard, en l’an IV, ne connaissaient pas la question et ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Originaires du pays même d’où ils voulaient proscrire une

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ne se sont pas révoltés contre eux. Quel bel exemple à proposer maintenant, pour peu qu’on veuille nous entendre !

(14 Octobre 1894)

13 Octobre 1975 …

… un rapport a été adressé au Ministre du Travail par diverses associations de la région marseillaise.

Le « Monde Gitan » publie un extrait de ce rapport dans son numéro trimestriel. Celui-ci s’interroge sur les propositions issue d’un rapport dont les conclusions n’ont jamais été rendues publiques.
L’auteur de ce rapport, Jean Servier, est un ethnologue, franc-maçon, qui a milité pour l’Algérie française, a dirigé l’écriture du « Dictionnaire critique de l’ésotérisme« , et qui est reconnu comme le meilleur spécialiste de la civilisation berbère.
Les propos de Jean Servier montrent qu’il n’a pas la même perception du nomadisme dans la culture gitane. Car pour lui :

les problèmes des Gitans ne diffèrent en rien de ceux de tous …

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… solutions adéquates, de lui accorder une quelconque spécificité.

Dans ce même rapport est évoqué un sujet devenu plus brulant encore à notre époque, à savoir celui de l’intégration. Question soulevée indirectement par Nicole Lafay, chargée de mission au ministère du Travail, rédactrice de l’article, qui s’appuie sur les travaux, non publiés, de Jean Servier (article paru dans le n° 16 du Bulletin GIP) auquel répond ce texte.
(extrait)

ADAPTATION OU INTEGRATION ?

Si Mlle Lafay se défend de prôner l’assimilation, elle affirme que l’adaptation «est la condition indispensable à la survie des minorités».
Bien que l’Histoire le démente, nous pourrions y souscrire si, dans le cours de son exposé, Mlle Lafay ne substituait au premier vocable celui d’intégration :
«cette attitude compréhensive d’accueil sans laquelle aucune intégration n’est possible» ; «il y a des Tsiganes heureux qui ont su s’intégrer dans notre société»). Or, si les mots ont un sens, l’intégration est «un processus par lequel un individu, ou un groupe d’individus, fait peu à peu siennes les normes culturelles prévalant dans la société ambiante, tout en conservant consciemment ou inconsciemment une partie de sa culture d’origine». Que devient, dans cette perspective, le droit des minorités, le droit à la différence ?

Il semble que le débat a été tranché ces derniers temps en France et que la seule issue possible est, bien au-delà de l’adaptation « de conserver consciemment ou non une partie de sa culture d’origine.« 

Il est vrai que, selon un article cité par l’auteur
« le vœu …

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… Français moyen» ! Il est évident qu’en partant de prémices aussi aventurées, on a peu de chances d’aboutir à des solutions réalistes.

CITES DE TRANSIT ET INTERNAT !

Puisque «il importe de mener une politique d’encouragement et d’aide à la sédentarisation», Mlle Lafay se refuse à laisser les familles habiter dans leurs caravanes plus ou moins définitivement immobilisées. Il faut les convaincre d’émigrer vers un logement «plus normal».
Lequel ? Les cités de transit, par exemple… Or, chacun sait – ou devrait savoir – que ces cités sont loin de mériter leur nom.
En réalité, la plupart des familles qu’on y parque y restent définitivement, dans de véritables ghettos. Celles de Marseille, de Toulon, d’Avignon, de Montpellier, sont de véritables « pourrissoirs », foyers privilégiés de toutes les délinquances

50 années plus tard …

On ne luttera pas contre une prétendue marginalisation des Gitans en faisant d’eux des marginaux définitifs.
L’irréalisme des positions officielles éclate à propos de l’analphabétisme. Puisque le nomadisme rend difficile une scolarisation régulière, la solution est toute simple : supprimons le nomadisme !
Lisez : « Seule une sédentarisation pendant toute l’année scolaire ou, à défaut, l’internat, constitue la garantie d’une scolarisation efficace ».
Que la famille ne puisse trouver à gagner son pain pendant neuf mois d’immobilisation, qu’importe ! Qu’un jeune Gitan, même adolescent, ne puisse être séparé des siens sans être profondément traumatisé, qu’importe ! On voit où tout cela nous mène…

ETRE NOMADE, PECHE MORTEL.

Le nomadisme, voilà l’ennemi. Mlle Lafay a, au moins, la franchise d’écrire clairement ce que les pouvoirs publics pensaient depuis longtemps sans le dire. Lisons : « Ce nomadisme rend singulièrement difficile toute action en vue d’une promotion sociale… Il rend d’ailleurs également difficiles les conditions de vie des intéressés eux-mêmes ».
Et voilà pourquoi votre fille est muette ! Au fond, s’ils sont pauvres, rejetés, méprisés, c’est leur faute. Ils n’ont qu’à vivre « comme tout le monde » ! Que le nomadisme soit un élément essentiel de la vie et de la culture tsigane, quelle importance ? Il faut les sédentariser ; ainsi disparaîtront les problèmes. Ajoutons, il faut qu’ils deviennent « comme tout le monde », ainsi disparaîtront les Gitans. Et, par une conséquence heureusement calculée, les problèmes qu’ils posent aux pouvoirs publics… !
Or, le nomadisme est un droit fondamental, d’ailleurs reconnu par la loi. « On ne peut condamner à priori

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familles concernées puissent donner leur avis sur la question. La sédentarisation ne peut être qu’un choix » .
Parler d’alphabétisation et suggérer de placer les petits Gitans en internat, parler de sédentarisation en vantant les cités de transit, c’est prendre le problème à l’envers et s’interdire toute solution réaliste.


Au-delà de cet article : Rejets éternels : les collectivités locales face aux Tsiganes et aux nomades

12 Octobre 1890 …

… La Silhouette (politique, satirique et financière) évoque la nomination d’un ministre à un poste qu’elle juge lointain, en rapport avec le parcours de celui qui a été choisi dans cette « loterie des ministres ».

On pourra en rire, mais ce serait oublier que de nos jours qu’un non médecin ayant une formation de professeur d’Histoire et Géographie, ancien président-directeur général de la Monnaie de Paris (mais conjoint de la n°2 de la CNAM ancienne conseillère du président (ayant « façonné la réforme de la retraite »), elle-même fille d’une ancienne cadre du 10ème groupe pharmaceutique mondial) est devenu ministre de la santé
ou qu’un autre n’ayant jamais usé du service public dans sa scolarité se retrouve en charge du ministère correspondant.

(extraits de l’article)

M. JULES DEVELLE
Les grosses querelles sont calmées; les complots percés à jour et nous revoilà au calme.
C’est le moment de prendre, après tant d’émotions, un verre d’eau sucrée. Je vous offre M. Develle. M. Develle est blond, et ministre de l’Agriculture. Pourquoi ?
La nature et la politique l’ont voulu ainsi ; ce n’est pas de sa faute. Il y a comme ça, de par le monde, un tas de mioches qui grandissent sans être remarqués par personne, et un beau jour — le jour où la barbe pousse — se trouvent blonds sans savoir pourquoi, et ministres pour la même raison.
Ce n’est pas à dire pour cela que M. Develle a eu son portefeuille, comme Naquet a eu sa bosse, sans le mériter. Il a travaillé dans la politique et il a réussi, voilà tout.
Ça ne se passe pas autrement pour les pastilles Géraudel et le savon du Congo, Il en est ainsi dans tous les métiers.
On ne sait jamais pourquoi un numéro est sorti ; il n’y a pas plus de raisons pour jouer le douze que le trente-six. À la loterie des ministres, c’est la même chose. Bien heureux pour nous, pontes toujours décavés de la partie, lorsqu’il ne sort pas un zéro.
M. Develle sans être « quelqu’un » n’est pourtant pas « personne ». C’est du bon petit article de demi-luxe, solide à l’usage et pas trop vilain de façon. Rien de trop artistique, mais raisonnable de prix : Quelque chose comme le milieu entre le déjeuner de cinq louis et le prix fixe à un franc vingt-cinq. Il faut même convenir que ce politicien est un cultivateur habile, puisqu’il récolte un ministère, là ou d’autres qui ont semé les mêmes grains que lui, ne récoltent rien du tout.
Nous pouvons nous consoler de son arrivée aux affaires en songeant, qu’en somme, on peut être ministre de l’Agriculture sans savoir labourer son champ et l’ensemencer. Une forte conférence sur les céréales suffit.
Ce n’est plus un boulanger qu’il faut pour faire du pain, dans notre siècle de falsification : il suffit …

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… , c’est la carotte. Avec ça, quelques idées protectionnistes et des distributions bien comprises de croix du mérite agricole, on est assuré d’être à la hauteur de sa tâche.
(…)
Jeune, élégant, bien fait, de figure agréable, de tenue soignée, et de barbe soyeuse, il avait tout ce qu’il faut pour entrer dans l’administration et M. Thiers en fit un sous-préfet. (…)

(… mention des différents postes de nature variée occupés par notre ministre de l’agriculture… )

Depuis il est tombé dans les céréales; les questions de douanes l’ont mis en relief et il a décroché le portefeuille de l’Agriculture. C’est un protectionniste à l’eau de rose ; il est partisan de tous les relèvements de droits.

(…)

A. Men.