13 Septembre 1919 …

… Ernest Judet, qui a fuit en Suisse à la fin de la première guerre mondiale et risque une condamnation à mort pour trahison avec l’ennemi, fait l’affiche des « Hommes Du Jour ».
Il se voit entièrement consacrer la page suivante et ce n’est pas là l’occasion d’un éloge pour celui qui a farouchement combattu contre la révision du procès du capitaine Alfred Dreyfus.

(extraits)

Voilà M. Ernest Judet poursuivi pour « intelligences avec l’ennemi », sur le point de se voir, peut-être, un de ces jours, condamner à mort pour trahison. Les nobles et généreux citoyens auxquels M. Judet s’attaquait avec une passion si injuste, avec une haine si aveugle, pendant l’affaire Dreyfus, le vouèrent, sans doute, dans de légitimes emportements d’une colère trop justifiée, aux pires châtiments. Nul, certainement, n’avait prévu, encore moins souhaité, pour lui le poteau de Vincennes, la mort des traîtres.

Il est une question que les bonnes gens posent volontiers, quand l’on accuse un homme de quelque forfait exceptionnel : — En était-il capable ? Seuls, à vrai dire, pourraient répondre, et encore, sans avoir le droit d’être affirmatifs, les amis de l’inté- ressé, ou les personnes, sympathiques ou hostiles, ou indifférentes, qui, l’ayant approché, fréquenté, le connaissent. Or, pour M. Judet, il se trouve que l’homme avait peu d’amis. C’était une sorte de solitaire, un être assez singulier.
Parce qu’il avait une …

… de l’Histoire, et, faute de pouvoir causer et se lier avec Napoléon ou Mirabeau, il ne causait avec personne, et ne se liait pas davantage. Ainsi, pensait-il, il évitait de déchoir, j’allais dire : de se mésallier.


Ernest Judet avait bel et bien trahi la France, et payé par l’Allemagne, fait une campagne anti-Angleterre et même défaitiste dans son second journal l’Éclair .
Il revient en France en 1923 se remettre aux mains de la justice qui l’a condamné par contumace, certain d’avoir suffisamment de soutiens pour être acquitté dans un second procès.
Ce qui se produit (à 11 voix contre une) alors même qu’on disposait des preuves de sa trahison.
On a pu écrire par la suite

« Jugé en 1917, il aurait difficilement échappé aux 12 balles qu’il méritait largement » (Bertrand Joly)

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 07

Giono jeune, a écrit un texte que Giono sage a partiellement renié, lui reprochant précisément tout ce qui en fait sa force : la colère, la fougue, l’audace, la témérité et cette capacité de faire déborder le sens au-delà des mots.
(Entretien avec Pierre Lhoste Avril 1968 « …C’est une erreur de jeunesse, une exaspération de violence … »)

Pourtant ce texte contient tout de ce qui pourrait réveiller … ce monde.
Autant à propos des guerres permanentes dans lesquelles nous sommes habilement engagés (idéologique, économique, énergétique, climatique …) que concernant la place à laquelle l’homme à le droit … parmi les autres formes de vie sur terre.

Ces extraits concernent la guerre dans laquelle Giono s’est trouvé engagé de 1914 à 1918.


Appel_au_poilu


« Il y avait aussi — je les oubliais mais ils sont très importants — les écrivains qui exaltaient l’héroïsme, l’égoïsme, la fierté, la dureté, l’honneur, le sport, l’orgueil. Des écrivains qui n’étaient pas tous vieux de corps, mais des jeunes aussi qui étaient devenus vieux par l’ambition et qui trahissaient la jeunesse par désir d’académie. Ou tout simplement qui trahissaient la jeunesse parce qu’ils avaient des âmes de traîtres et qu’ils ne pouvaient que trahir. Ceux-là ont retardé mon humanité. Je leur en veux surtout parce qu’ …

JNPgi-07- ILS ONT EMPÊCHÉ QUE-le-i1


(Plus facile)


(Solution)


LES BELLES LETTRES.
LETTRE D’UN TOUT JEUNE CONSCRIT.
A Madame Louise N., à X.
2 aout 1914.
Bonne et chère petite tante Lou, Le régiment part ce soir pour la guerre libératrice.
Où, je ne sais pas, mais cela n’a pas d’importance, puisque les Allemands y seront.
Hein ! quelle chance que, mes 18 ans révolus, j’aie contracté en avril un engagement volontaire !.
Il ne s’agit pas de cela. Le temps m’est compté et j’ai tous mes bouts de lettres d’adieu à écrire à toi, à maman et à Jean, qui sont en vacances à notre ferme des Chênerets. Il faut que je donne du courage à’ Jean. Pauvre petit frère, comme il va s’ennuyer ! Il a à peine 15 ans et devra regarder sans se battre.

Extrait de « Femmes et gosses héroïques » Paul D’Ivoi
Lettre imaginée par l’auteur pour concourir à « l’effort de guerre », à partir, dit-il, de ce qu’il a pu entendre ça et là.
Cette lettre est citée comme une correspondance réelle dans « Pour nos soldats : GUIDE DU POILU » de Charles Charton