C’est par d’honnêtes mensonges que sont partis ces récits. Minuscules.
Tous aussi invraisemblables les uns que les autres. Ils s’épanouissent dans cette concoction longue de langue, infusion de plans loufoques, marinades de désirs, tous en leurs lieux familiers revisités. Pile c’est faux, face j’invente. Des histoires en leurs chemins de traverse. Qui racontent. Leurs voyages solitaires. Leurs solutions singulières. En eaux troubles langage.
Joyeuse itinérance !
Ly-Thanh-Huê
L’oeuvre est disponible aux éditions Qazak (de Jan Doets) ici
L’illustration est de la main de Ly-Thanh-Huê

—
Extrait de « Transparition »
—
Itinéraire de lecture

—
En clair
—

un extrait plus long

J’allai quitter le port quand je remarquai une femme dont je ne vis que le dos. Elle peignait, elle aussi. Ses gestes avaient attiré mon attention. Ses mouvements étaient entrecoupés de suspens, ils n’étaient pas d’un théâtralisme exagéré, ils étaient plutôt discrets, voire furtifs. Mais ils semblaient le fruit d’une concentration intense. Son regard paraissait saisir des formes, les évidant de leur réalité pour venir les apposer ensuite sur la toile. Si bien que le bateau n’était plus bateau mais seulement lignes troubles sur l’eau, les mouettes devenaient traînées blanches et le phare était cette irruption de matière soudaine. La main droite de la femme palpait la matière des couleurs de la palette. Ses doigts les effleuraient, les pétrissaient et ils venaient sculpter ensuite le relief par aplats gourmands.