[Almanach] Brigetoun …Paumée…

[Les années se suivent et ne se ressemblent pas ]

Vendredi 8 Juillet 2011, Brigetoun
qui n’est pas « Brigitte Célérier et ses entours »
écrivait en la première journée du festival d’Avignon

(extrait)

J ÉTAIS AU DESSUS DE LA NUQUE-LETCR1-EXP(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)

L’extrait en son entier

L’article complet de Bridgetoun
(sur « Paumée« )

Proposition de lecture


J’étais au dessus de la nuque et du beau profil, en fuite, de trois quart, de Nauzyciel, assis devant une table, sous la tête de la statue de la Liberté affichée sur un rideau métallique.
Il décrit le passage du film de Lanzmann dans lequel intervient Karski, assis, puis debout, et de nouveau assis face à moi à la fin. Un débit un peu raide, un ton neutre qui l’était trop – mais je pensais que cela convenait pour qui ne voulait être que récit. Seulement peu à peu l’attention glisse sur tant de monotonie.
Il change de chaussures, esquisse quelques pas de claquettes, et le noir se fait, avant la seconde partie. La vidéo de Miroslaw Balka, dont il disait dans un entretien ; « La proposition qu’il m’a faite est une réponse aux questions que l’on se pose sur les limites de la représentation et sur la double obsession de Jan Karski : celle de vouloir mémoriser l’enfer du ghetto de Varsovie, en y retournant à deux reprises, et celle de ne jamais oublier le message qu’on lui a confié, en le répétant sans cesse dans le silence des forêts lorsqu’il était poursuivi par la Gestapo et, par la suite, dans le silence de sa propre vie »
Et c’est une réussite : un plan de Varsovie qui remue sans cesse comme manié, image très blanche, comme saturée, avec un gros trait mauve pale qui traverse pâtés de maisons et rue et qui est le mur enclosant le ghetto, une discrète musique concrète qui monte en puissance, bruits de tôle, de heurts… et la voix de Marthe Keller, neutre, blanche, mais qui, elle, fait passer parfaitement l’émotion.

noir de nouveau, et puis sur le plateau ouvert, le décor de la dernière partie, la plus longue, qui adapte la fin du livre, quand Haenel parle en son nom. (photo trouvée sur le site du festival) – décor bois, un style du milieu du siècle dernier, comme un couloir de grand hôtel ou la salle d’attente d’une administration, et dedans, assis sur une banquette pendant un long moment Laurent Poitrenaux qui incarne l’idée que Nauzyciel se fait de Karski ou de Karski parlant comme l’auteur pense qu’il aurait pu (dû) le faire, et Poitrenaux comme toujours est exact, précis, son jeu si parfait que discret, en dedans, et puisant dans cet en dedans ce qu’il nous renvoie.
Seulement, je vais me faire mal juger peut être, mais c’est là que ça n’allait pas. De beaux passages mais toujours cette simplification, cette volonté de laisser entendre que les alliés ont choisi de ne pas intervenir directement (que pouvaient ils faire de plus en 1942 ou 43 que de faire effort pour gagner le plus rapidement possible, quel effet aurait eu sur Hitler une condamnation explicite de ce crime ?) et, je comprenais la détresse qu’exprimait Poitrenaux-Haenel-Karski mais quand est revenue une fois encore, après le récit de ses insomnies (que comprend sa femme qui elle a perdu sa famille dans les camps) la description de Roosevelt comme un homme ventru, calme, dans un décor trop riche, et : « Roosevelt était un homme qui digérait », le malaise ressenti par Brigetoun est devenu trop fort, me suis glissée par la porte à côté de mon strapontin et m’en suis allée très discrètement.

Pour constater à ma courte honte qu’il y avait encore près d’une heure de spectacle et que j’aurais dû lui laisser sa chance. (je m’en veux tout de même un peu)

 

La rose – Charles L. Harness – 01

[Roman culte dans le domaine de la science fiction, la rose explore les rapprochements possibles entre l’art et la science, l’alliance de l’intuition et de la raison.
Tout au long de l’oeuvre l’auteur montre (?) que le savoir scientifique est souvent une réduction de ce que l’homme peut percevoir du réel par l’ensemble de ses sens utilisés en toute conscience.]


CE PROFIL VU COMME À TRAVERS - letcr1-exp2n

 

(Sans l’image, à cliquer)

CE PROFIL VU COMME À TRAVERS - letcr1

 

Extrait du roman de science fiction (mais pas que) La rose
de Charles L. Harness (son chef-d’oeuvre)

 

Parcours de lecture

CE PROFIL VU COMME À TRAVERS - s

En clair

CE PROFIL VU COMME À TRAVERS - txt0


Extrait plus long

CE PROFIL VU COMME À TRAVERS - txt1


 

 

 


Graduellement comme une sorte de Narcisse des régions infernales, elle se mit à sombrer sous l’empire de l’enchantement bizarre qui émanait de cette image contrefaite.
Elle ne parvenait pas à garder vraiment la notion que cette créature était elle-même.
Ce profil, vu comme à travers des yeux ensorcelés, aurait pu être celui d’un énorme crapaud, et le scintillement de cette métaphore paralysa sa première tentative désespérée d’identification.
De façon vague, elle réalisait qu’elle avait découverte ce qu’elle avait entrepris de découvrir. Elle était effectivement affreuse. Et même plus qu’affreuse.
La métamorphose avait du être progressive, trop lente pour pouvoir dire un jour quelconque : Hier je n’étais pas encore affreuse. Mais même des yeux qui cherchaient à se leurrer ne pouvaient plus nier l’évidence aux effets cumulatifs.
Si lentement… et en même temps si vite. Il lui semblait que c’était seulement la veille qu’elle s’était retrouvée allongée à plat ventre sur la table d’examen de Matthew Bell, mordant sauvagement le petit oreiller pendant qu’il palpait inexorablement, de ses doigts noueux, ses vertèbres dorsales supérieures.