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Le sens de son orientation correcte dans l’espace est ancré dans les profondeurs de l’homme. Ce type de connaissance engage en dernière analyse sa vie même et sa santé mentale. Être désorienté dans l’espace est une aliénation. En cas d urgence, l ‘écart entre un réflexe rapide et une seconde de réflexion peut décider de la vie ou de la mort, règle applicable à la fois au conducteur qui se fraie son chemin dans le flot des voitures et au rongeur qui ruse en face des bêtes de proie. Lewis Mumford observe que le quadrillage uniforme de nos cités «permet aux étrangers de s’y sentir aussi à l’aise que les plus anciens habitants ».
Je me poste à la fenêtre. Il me faut me jeter dehors, sortir de la tête. La chambre est haute et serrée, un écrou sur le ciel. Je me tiens debout, j’affronte. Surveillante d’une mer de pissenlits et de colza, le jaune arrogant des fausses pagailles de cette campagne nattée de tresses, plantée de lignes parfaites, sillons digitales, tirés au cordeau et qui ne se chevauchent jamais.
M’immuniser, prévention avec des sondes tactiles. Projeter dans l’espace le cœur volage. Laisser la poudrière sentimentale essaimer ses pollens. Voir l’air déglutir lentement ce petit mal de tête et son rhume de paupières. Les essences se libèrent. C’est l’invisible ambiance, l’anémone du dedans bat des cils. Courants d’air.