[Fascination du peintre pour son (futur modèle)
le destin de l’un et de l’autre est en marche]
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(Si tu es novice
ici les liens entre les mots sont donnés
– à cliquer – )

(Nouvelle traduction de Christine Jeanney éditeur publie.net )
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Parcours de lecture

L’extrait en clair

Extrait plus long

* Slow²Reading : lecture lettre à lettre conformément à la « prière des mots »
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Je parlais depuis dix minutes avec d’imposantes douairières, toutes pomponnées, et des académiciens assommants, et j’ai soudain réalisé qu’un regard me fixait. J’ai fait demi-tour et j’ai vu Dorian Gray pour la première fois. Quand nos yeux se sont croisés, j’ai senti que je devenais pâle. Et une étrange sensation de terreur m’a envahi. Je savais que j’avais en face de moi un être totalement fascinant et que, si je le laissais faire, il m’absorberait tout entier, moi, mon âme, et même mon talent. Je ne veux pas que ma vie soit influencée par l’extérieur. Vous savez, Harry, comme je suis indépendant de nature. Mon père me destinait à l’armée. J’ai insisté pour aller à Oxford. Ensuite il m’a fait inscrire à Middle Temple. Avant d’avoir avalé une demi-douzaine de dîners, j’ai quitté le barreau et annoncé ma décision de devenir peintre. J’ai toujours été mon seul maître ; enfin je l’avais toujours été, jusque-là, jusqu’à ce que je rencontre Dorian Gray. Voilà — je ne sais pas comment vous l’expliquer. Quelque chose me disait que j’étais proche d’un bouleversement terrible dans ma vie. J’ai eu cette sensation étrange que le Destin me réserverait des joies exquises, des chagrins délicieux aussi. Et j’ai su que si je parlais à Dorian, je tomberais immédiatement sous sa coupe, qu’il valait mieux ne pas lui parler. J’ai eu peur, j’ai décidé de partir. Ce n’est pas ma conscience qui m’a poussé à agir ainsi ; c’est la lâcheté. Je ne me félicite pas d’avoir tenté de fuir.