… Ernest Renan décède. Une des oeuvres les plus connues de l’auteur de « l’Histoire des langues sémitiques » est » La vie de Jésus« .
« La lune » journal satyrique, l’évoque dans un numéro où l’auteur est caricaturé en première page, par la plume de GILL.
A cette occasion plutôt que de traiter de l’œuvre de Renan, le journal s’amuse à évoquer une autre relation de la vie de Jésus, celle du fantasque et « célèbre excentrique » : le comte de Saint-Germain.
(extrait de l’article)
Dans un souper chez Condorcet, un encyclopédiste croyant embarrasser le comte de Saint-Germain qui prétendait être aussi vieux que le monde, lui demanda s’il avait assisté à la Passion.
— Non, dit-il simplement, mais j’ai beaucoup connu l’abbé Jésus.
Et comme on le questionnait sur le personnage qu’il qualifiait assez comiquement du titre d’abbé, il reprit:
— L’abbé Jésus était un homme charmant, fort bien de sa personne, parfait avec les dames qu’il adorait ; il savait parler le langage qui leur convient ; avec elles, il n’était jamais pris au dépourvu et, lorsque sur son passage il s’en rencontrait une, il trouvait toujours pour elle un mot plein de grâce et d’à-propos.
Il s’exprimait bien en public, mais il écrivait mal et peut-être méprisait-il trop ceux qui savaient écrire. Il avait pensé un instant à se faire avocat ; mais à Jérusalem la profession d’avocat était à la fois aristocratique et fermée ; or, son père exerçant l’état de charpentier, elle lui fut interdite.
Ne pouvant être avocat, il se fit prophète ; c’est ce qui le perdit. Je l’aimais beaucoup, sa douceur et son intelligence me plaisaient ; un jour que je le rencontrai en train de pérorer sur le chemin de Bethléem, je l’avertis charitablement de ce qui lui arriverait : …
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… poussé par le courant des choses, il ne m’écouta point.
J’étais à Rome, à dîner chez un vieux républicain, lorsqu’on nous apprit la fin déplorable de l’abbé Jésus ; cela me causa une peine extrême.
A cette occasion même, mon hôte et moi , nous fîmes la remarque assez judicieuse que les Romains faisaient en Judée une détestable politique.