20 Septembre 1859 …

… Jules Vallès fait la couverture du journal « Les Hommes du jour »

(Extrait de la première page)

Jules Vallès est mort il y a vingt-huit ans, et nul auteur pourtant n’est plus vivant que lui. On se groupe, on bataille autour de lui, on se réclame de son nom, de sa pensée, de son talent comme si l’écrivain, tout près de nous, animait encore les groupes opposés. Et c’est, en vérité, comme si son ardeur ne s’était point éteinte.
En fait, il est consolant pour tous ceux qui aiment l’œuvre de Vallès de l’affirmer, un homme ne meurt pas qui a écrit, pour qu’on rie, et qu’on pleure, et qu’on tremble, et qu’on soit ému, L’Enfant, Le Bachelier et L’Insurgé. Jules Vallès est mort, je vous l’accorde. Et cependant, nous voyons vivre tous les jours à nos côtés Jacques Vingtras, timide ou téméraire, apitoyé ou révolté, lucide ou ébloui, Jacques Vingtras enfant battu, bachelier miséreux et insurgé traqué qui portera, de génération en génération, la pensée, le talent et le nom de Jules Vallès.
Pour ceux qui n’ont pas lu L’Enfant, Le Bachelier et L’Insurgé, il est difficile de pénétrer les mobiles bien définis pourtant qui ont poussé les membres de la Société des Gens de Lettres à ne point se faire représenter officiellement à l’inauguration du buste de Vallès au Puy. Mais, disons-le : les gens de lettres, ces bourgeois, ont peur de l’ombre de Vallès, le réfractaire. Et Vallès, d’ailleurs, n’a passé sa vie qu’à cracher son mépris sur eux.

Le journal critique la Société des Gens de Lettres, qui a refusé de réintégrer Jules Vallès lorsqu’il a été amnistié (de sa participation à la commune).

Preuves en main, nous …

… des menteurs. Il faut excepter toutefois MM. Henri Duvernois, Frantz Jourdain, Georges Lecomte et Jean-Joseph Renaud qui se sont élevés contre la décision de ne pas envoyer de représentant officiel à l’inauguration du monument Jules Vallès.
Il faut excepter Séverine aussi qui, tout en respectant la volonté du mort qui ne voulait pas être statufié a, depuis, dit leur fait à ses confrères de la Boîte.

Ceux que le journal nomment les Gendelettres, n’en sont pas à leur première « Faute »

L’exemple de Vallès n’est d’ailleurs, pas unique. Il y eut déjà quelques précédents M. Xavier de Montépin, feuilletonniste à treize, avait demandé autrefois la radiation de qui ? de Victor Hugo. 
Simplement. Victor Hugo s’était, alors, montré coupable d indulgence en offrant l’hospitalité aux proscrits, à Bruxelles, qu’il habitait.

Il est bon que Hugo et que Vallès soient également poursuivis par la haine de la même catégorie de gens à quelques années d’intervalle. Il est bon qu’une Société de défense et de protection ait laissé Baudelaire, orgueilleux et génial, mourir de faim, quand elle entretient grassement une Daniel Lesueur*!
Baudelaire, Hugo et Vallès ont la revanche du génie. Mais pour Baudelaire et Vallès la revanche fut lente. 

*Ici, « Les hommes du jour » est un peu sévère pour une autrice qui, bien que n’étant pas jugée à la hauteur des trois écrivains cités, mérite tout de même un détour … ici et ne serait-ce que pour sa qualité de « féministe » à une époque qui ne leur était guère favorable et qui était bien plus qu’une feuilletoniste.

19 Septembre 1957 …

… naissait un futur membre de l’Académie Française; François Sureau; auteur notamment d’un ouvrage en rapport avec sa qualité d’avocat, relatif à la liberté des humains et questionnant ce qui lui impose des limites, du fait de la lutte pour les protéger.
Ouvrage qui a pour titre :

Pour la liberté, Répondre au terrorisme sans perdre raison

(Extraits, empruntés à l’article de CAIRN.INFO, en rapport avec l’oeuvre)

«Le système des droits n’a pas été fait seulement pour les temps calmes, mais pour tous les temps.
Rien ne justifie de suspendre de manière permanente les droits du citoyen. Cela n’apporte rien à la lutte contre …

… fragiles. Par trois fois, le Conseil constitutionnel a, à l’occasion des lois dont je parlais plus haut, fait sien ce raisonnement. Il n’en reste pas moins inquiétant que de telles mesures aient même été votées, droite et gauche confondues.
Si le Conseil constitutionnel a acquis à ces occasions un prestige nouveau aux yeux des amis de la liberté, ceux-ci ne voient pas sans inquiétude les digues les mieux établies céder l’une après l’autre.
Cette inquiétude devrait amener chacun d’entre nous à mieux défendre ce qui nous constitue. Même une cour suprême ne peut relever un pays qui aurait décidé de se séparer, si c’est possible, de son âme.»


Par la suite, l’auteur évoque un procès dans lequel intervient une loi qui punit l’intention (et non pas l’action, ce qui nous rapproche du futur imaginé dans le film Minority Report, et fait écho à « l’intention de promouvoir une religion » qui réside dans le mot ostentatoire, très utilisé ces derniers temps)

(Extraits) :

Audience du 31 janvier 2017 Pour la liberté de penser Le 20 avril 1794, le Comité de salut public institua à Orange, département du Vaucluse, une commission populaire de trois membres, sorte de tribunal révolutionnaire destiné à juger les ennemis du peuple trouvés dans ces régions.
À peine installé, son président, Fauvety, entreprit de dénoncer à Robespierre, son premier assesseur, un nommé Meilleret. On trouve cette lettre aux Archives et l’on peut y lire : « Meilleret ne vaut rien comme juge, il lui faut des preuves. »
Remplacez le mot de preuves par celui d’intention, au moins dans le sens où le droit criminel l’entend depuis cinq siècles, et vous aurez l’affaire que vous avez à juger aujourd’hui.

Elle n’est pas si compliquée en définitive. L’article 421-2-5-2 du Code pénal crée une incrimination de consultation habituelle de « sites terroristes ». Les conditions de la mise en œuvre de cet article sont à l’évidence si larges qu’elles permettent d’incriminer un très grand nombre de personnes. Y compris, par exemple, votre serviteur, qui, présidant une association d’aide aux réfugiés, consulte régulièrement de tels sites pour s’informer sur les discours, les raisonnements, les modes d’expression qui sont caractéristiques de cette mouvance, afin, le cas échéant, de détecter, chez tel ou tel demandeur d’asile, les indices d’un basculement fâcheux. J’entends bien que l’on m’opposera l’exception de la consultation de bonne foi. Dans le vague même de sa définition, cette exception ne suffit en rien, croyez-le, à assurer ma tranquillité d’esprit, ni celle de milliers de bénévoles, d’associatifs, de chercheurs ou même de citoyens conscients, souhaitant s’informer exactement sur cette face noire de notre monde.
J’ajouterai ici que vous ne pourrez pas être insensibles à ce que le vague de cette « bonne foi » permet en matière de délit de faciès. Si j’ai bon espoir, pour reprendre le même exemple personnel, que mon patronyme regrettablement rochelais me fasse bénéficier d’un préjugé favorable, je sais bien qu’il n’en ira aucunement de même de nos interprètes Rahman, afghan, ou Bilal, syrien, tous deux visiblement musulmans et bénéficiant en France de la protection subsidiaire. Je voudrais brièvement rappeler quelques points de droit avant d’en venir aux éléments de contexte et aux objections.
Les points de droit ne devraient pas nous retenir longtemps.
C’est, à ma connaissance, la première fois en France qu’une démarche purement cognitive fait naître la présomption d’une intention criminelle. Le délit d’éventuelle intention terroriste dont on parle ici repose sur une double supposition. D’une part, la supposition d’un endoctrinement « radical », comme on le dit aujourd’hui ; d’autre part, la supposition que cet endoctrinement est susceptible par nature de déboucher sur un projet terroriste effectif. La notion d’acte préparatoire devient liquide, nébuleuse, subjective, et recule dans le temps.
C’est la fin de l’article de la Déclaration. Je le dis avec gravité : même l’Inquisition de Bernardo Gui n’est pas allée aussi loin.

Elle se fondait aussi sur le for interne, mais celui-ci n’était pas supposé, et sûrement pas d’aussi loin. Il fallait qu’il se soit vu traduit par des prises de position hérétiques explicites. Et d’autre part, il fallait que des manifestations tangibles de l’option hérétique aient pu être relevées par les inquisiteurs. En sens inverse, il pouvait suffire d’abjurer l’opinion émise pour échapper aux poursuites. Nous sommes ici très en deçà des exigences mêmes de l’Inquisition, le Premier ministre parlant de la « première extériorisation d’une participation active à un endoctrinement terroriste » que manifesterait la consultation. Passons sur ce langage étrange, qui cache quelque chose d’assez simple. Aucune opinion n’est demandée pour poursuivre. La simple démarche intellectuelle suffit. La consultation seule. Nous avons à l’évidence passé les bornes du raisonnable.
(suite ici http://excerpts.numilog.com/books/9791021028883.pdf)

18 Septembre 1898 …

… La calotte (dont le titre donne le ton) salue dans « L’affaire Dreyfus » la reconnaissance de l’innocence du Capitaine Dreyfus.

En réalité, malgré l’intervention retentissante de Zola, on est loin du terme. Si loin que, un an plus tard, dans un second procès, Dreyfus sera déclaré coupable… (voir ici pour plus d’information)

Extrait de l’article de la calotte (avec le dessin figurant en première page dont la légende est « QUAND MÊME !)


« Malgré toutes les manœuvres militaro-cléricales, la vérité est apparue à tous. L’état-major intangible qu’il était criminel de soupçonner, est un repaire de faussaire.
Boisdeffre* ! est parti à la première algarade laissant ses sous-ordres de débrouiller enjeux, Henry** s’est coupé la gorge, du Paty de Clam*** est mis en non activité, Gonse branle au manche et Esterhazy – le véritable traître – s’est évanoui.

On est bien obligé, à cette heure, de reconnaître que cette affaire Dreyfus est une épouvantable machination

Nous pouvions …

… et cafardières, mais aujourd’hui que la vérité éclate à tous les yeux, nous sommes tranquilles. »

*Général qui a construit de fausse preuves
** Idem
*** Lui au contraire avait conseillé, après analyse graphologique, d’abandonner les poursuites contre Dreyfus.

(Cliquer ici pour lire la grille plus facilement)


La Calotte avait tort d’être tranquille.
Le capitaine Dreyfus ne sera acquitté que 6 ans plus tard.
Pendant ces 6 années le camp de ceux qui soutiennent cette accusation ne démord pas.
L’action Française dans son almanach de 1910, rappelle un fait dont elle est fière : et qui s’est déroulé lors du procès de  Louis Grégori (qui a blessé Dreyfus en tirant au pistolet sur lui, le jour de l’enterrement de Zola – 4juin 1908)

« Pendant la première audience du procès Grégori, le président de Vallès ayant dit que la Cour de Cassation s’était «prononcée d’une façon définitive et irréfragable » sur l’innocence prétendue de Dreyfus, André Gaucher l’interrompt : « La Cour a fait un faux… Elle a violé l’article 445 ». Amené devant la cour André Gaucher maintient ses paroles, et le président, dans son désarroi, se borne à le faire expulser. »

On peut aussi lire à la ligne suivante :

11 septembre. — L’acquittement de Grégori par le jury parisien est salué par l’Action française et par tous les patriotes comme l’annulation de l’arrêt monstrueux rendu en faveur de Dreyfus.

17 Septembre 1911 …

… Le petit journal dont, on devinera, ici l’orientation politique, condamne de façon virulente un mouvement de revendication, voire de révolte, mené par des femmes qu’on a pu par la suite nommer : les AMAZONES MAUBEUGEOISES.

Dans cet article, les femmes sont mises au second plan, et l’entière responsabilité est attribuée au meneur de grève (dont on appréciera la vêture mise en décalage complet, par le dessinateur, avec la mise des ouvriers.) qui est censé terroriser à la fois le patron et les grévistes forcés.


Extrait :

Les faits qui se sont passés ces jours derniers à Maubeuge montrent une fois de plus à quel état d’aveulissement sont tombés les ouvriers et même les patrons devant la tyrannie des gréviculteurs.
Profitant de l’agitation causée par la cherté de la vie, des délégués de la C. G. T. arrivèrent dans cette ville. On avait arrêté trois femmes sur le marché : ils prirent texte de ce mince incident pour déclarer la grève de la métallurgie et décréter que les ouvriers devaient chômer tant que les trois prisonnières ne seraient pas remises en liberté.
Les ouvriers, qui n’avaient aucune raison professionnelle de se mettre en grève, obéirent cependant à l’ordre de la C. G. T. Ils quittèrent les ateliers sur le geste du délégué,

Les patrons s’inclinèrent avec non moins de docilité.
L’un d’eux supplia M. le délégué de vouloir bien l’autoriser (sic) à achever la coulée de fonte de deux hauts-fourneaux.
Et M. le délégué daigna accorder cette autorisation.


Sans décider quelle est la vérité qu’il faut choisir, ou comment les ajuster, voici une autre version ou éclairage des faits.
(Source : https://www.archivesdufeminisme.fr/actualites/une-sublime-agitation-lhistoire-oubliee-des-amazones-maubeugeoises-en-1911/)

Mais revenons à Maubeuge le dimanche 20 août 1911, il y a 1 200 personnes à la réunion avec les édiles locaux qui veulent calmer l’agitation et font des promesses. Le lendemain, les ménagères en lutte manifestent à Sous-le-Bois. La CGT des métaux distribue ce tract : « Ouvriers, ménagères, jusqu’ici vous êtes restés isolés, désunis, à genoux devant les bourgeois, gros et petits. Avec de la musique, des illuminations, des drapeaux, des places, des promesses, on prétend faire votre bonheur. Qu’est-il arrivé ? Beurre, pain, loyer, lait ont doublé de prix. Les cultivateurs et les petits commerçants, au lieu de s’unir entre eux contre les gros exploitants, trouvent plus simple de dévaliser les ouvriers et de les gruger chaque jour. Ouvriers, ménagères, tous debout ; réclamons la justice et le bien-être ». Le soir, la salle des fêtes se remplit avec 2 000 personnes : le syndicaliste Renard s’est entouré de deux manifestantes assesseuses. On y menace les commerçants qui ne veulent pas appliquer le tarif de boycott et de sabotage. Le député radical-socialiste se sentant menacé s’exfiltre de la réunion. Chaque jour, les ménagères sont là ; elles vont de commune en commune, de marché en marché – Berlaimont, Sars-Poteries… -, sans heurts mis à part …

… agricole.
À Avesnes, on voit arriver par le train celles que l’on appelle désormais les « Amazones Maubeugeoises ». Encadrées par les gendarmes, elles arborent une cocarde rouge à la poitrine et chantent « L’Internationale du beurre à quinze sous » :


Voir aussi https://www.archivesdufeminisme.fr/actualites/une-sublime-agitation-lhistoire-oubliee-des-amazones-maubeugeoises-en-1911/

16 Septembre 1834 …

… date du décès d’un poète, dramaturge, fabuliste et homme politique : Antoine-Vincent Arnault

Cette dernière qualité, et notamment sa proximité avec Napoléon I, qui lui a à plusieurs reprises confié des rôles d’importance, lui a valu d’être élus deux fois à l’Académie Française, car radié 13 ans après sa première élection (nommé ministre de l’Instruction publique par intérim pendant les Cent-Jours)

On lui a reproché, et on l’a admiré, pour la qualité incisive de sa plume.

Ici un passage de « ΜΟΝ PORTE-FEUILLE DE LA VANITÉ. »
La rubrique Caractère.

QU’EST-CE QU’AVOIR DU CARACTÈRE.

Commençons par définir le mot caractère dans ses principales acceptions.

Au physique ainsi qu’au moral, le caractère n’est-il pas ce qui distingue l’espèce dans le genre, l’individu dans l’espèce?

Les peuples, les hommes, les animaux ont des formes, des traits, des inclinations, des habitudes qui leur sont propres. C’est ce qui constitue leur caractère.

Ce mot s’applique naturellement aux productions des arts. En peinture, en sculpture, on appelle tête sans caractère la tête qui n’exprime rien. La même chose se dit d’une musique insignifiante. En architecture, un édifice manque de caractère quand ses ornements ne sont ni conformes aux règles, ni analogues à l’usage pour lequel il est construit. Dans le premier cas, caractère est synonyme d’expression, et de style dans le second.

Le nom de caractère se donne aussi à des pierres fines ou à des pièces de métal empreintes de certaines figures auxquelles on attribue des vertus extraordinaires, en conséquence de leur rapport avec la constellation sous laquelle elles ont été gravées ou fondues.

Dans le sens général, caractère indique ces qualités morales, ces vertus ou ces vices qui dominent dans l’individu et forment pour ainsi dire la physionomie de son âme. En ce sens, le caractère est dans l’homme ce que l’instinct est dans l’animal: c’est la tendance à laquelle il obéit s’il n’est réprimé, et à laquelle il revient dès qu’il est redevenu libre.

En ce sens, chaque homme a son caractère ; celui-ci n’est pas plus fait pour garder une …

… renard.

Dans la locution qu’on analyse ici, caractère a un sens tout différent, un sens tout-à-fait particulier. Avoir du caractère, c’est avoir une volonté ferme, opiniâtre, inébranlable. A ce titre, que de caractères avec lesquels le caractère est incompatible! L’irrésolu, l’inconstant, l’insouciant, l’inconséquent, sont des caractères très prononcés, et cependant tout-à-fait dépourvus de cette persévérance qui constitue le caractère proprement dit.

Les hommes de ce caractère sont des cires molles le premier venu, sans beaucoup d’adresse même, pétrit et modifie à sa guise. C’est Prusias qui change de résolution suivant qu’il se trouve avec Annibal ou Flaminius, c’est M. Cassandre qui est toujours de l’avis du dernier qui parle.

L’homme de caractère est au contraire celui qui manie ́les autres, celui que la nature a fait pour maîtriser les hommes et les choses. Sa parole a l’accent de l’autorité, son visage l’empreinte de la supériorité.


On pourra percevoir ici, la sensibilité de l’auteur à des « caractères » de la trempe de Napoléon I.


L’auteur de fable … par-dessus les siècles peut encore parler à notre oreille … interne (ou inerte ?)

Ces dés qui, chassés d’un cornet
Pour être agités dans un autre,
Par un canne ou par un sonnet
Règlent ma fortune et la vôtre ;
Ces dés tout écornés, n’en retracent que mieux
Le sort d’un pauvre peuple aux mains des factieux ;
Par l’intérêt des chefs tiré de l’inertie,
Ballotté, non sans bruit, au gré de leurs fureurs,
Il s’écharpe, il s’échine. Et pourquoi ? je vous prie.
Pourquoi ? pour varier les coups d’une partie
Qui ne profite qu’aux joueurs.

(pour d’autres fables de Antoine-Vincent Arnault : source

15 Septembre 1906 …

… Une des innombrables publication destinées à amuser, voir à faire rire, avec ou sans éclat, la population française disposant de 35 Centimes, évoquait en sa neuvième page, la difficulté de former le petit personnel de maison.


– Et puis tu ne dois pas me dire Vous, tu ne dois jamais me parler qu’à la troisième personne.
Sais-tu ce que c’est que …

est parti.


Moins drôle (pour peu que tu aies ri) :

Madame La Comtesse de Genlis a écrit Le « La Bruyère des domestiques, précédé de considérations sur l’état de domesticité en général »

Ici un court extrait qui donne le ton

DE L’IMPERTINENCE.

Une politesse banale adoucit et déguise l’impertinence des gens du monde; mais dans les dernières classes, l’impertinence est toujours visible et grossière; elle saute aux yeux, elle se montre dans les gestes, dans le maintien et dans la physionomie.

Babet en est la preuve; elle est la bonne (c’est-à-dire la gouvernante) d’un vieux garçon; Babet a le regard effronté, les manières et le maintien brusques; elle marche pesamment parce qu’elle est fort grasse, mais d’un air arrogant et dédaigneux; quand elle est de mauvaise humeur, ce qui lui arrive souvent, elle est brutale avec les personnes qui viennent voir son maître; quand elle est dans ses jours de gaîté, elle rit aux éclats de la manière la plus glapissante; en quelque disposition qu’elle puisse être, elle jette les portes avec fracas au lieu de les conduire et de les fermer doucement.
Elle …

Quand, du ton le plus calme, il la reprend de ses éternels oublis, loin d’en faire des excuses et d’en paraître fâchée, elle secoue la tête, et témoigne son mécontentement par la brusquerie de son air et de son geste; et toujours elle invente des raisons absurdes qui ne peuvent réfuter des faits positifs. Il y a quatre ans que cela dure : pourquoi ne la renvoie-t-on pas? C’est qu’elle fait d’excellent bouillon, de bonnes tisanes, du bon chocolat, et que son maître est infirme et vieux.

Terminons sur ce dernier « trait » :

Il y a des domestiques qui paraissent avoir mille défauts et qui n’en ont qu’un
ils sont seulement lâches et paresseux.

14 Septembre 1930 …

… Costes accompagné de Bellonte, 3 ans après la tentative de l’As des as Charles Nungesser (dont l’avion n’a jamais été retrouvé) parvient à faire la traversée de l’Atlantique Nord, de l’aéroport du Bourget, à New-York (sur le terrain de Curtiss Field, Long Island).

Le Petit Journal met en scène sur sa page d’accueil, des américains de l’ancien monde, et la prouesse technologique des deux français.

(extrait 🙂


En 37 heures de vol, son avion a franchi l’océan et est venu se poser aux portes de New-York.
La visite audacieuse de Lindberg était rendue.
L’aviation française achevait de montrer au monde les exploits dont elle est capable.

Là-bas, Coste et Bellonte ne se sont pas reposés.
Pour se rendre dans le Texas et en revenir, ils ont survolé une grande partie du territoire américain et partout sur leur passage, un même enthousiasme les a salués.
C’est ainsi que notre gravure en couleur représente un curieux incident de ce voyage :

…du siècle passé.

(Cliquer sur l’image pour lire plus facilement)


Dans la même publication, on pouvait lire qu’un maire s’était vu retoquer par le Conseil d’Etat un arrêté concernant la tenue de ses administrés dans les lieux publics.

« S’il appartient au magistrat municipal de prohiber la circulation des baigneurs dans des tenues contraires à la décence, et notamment le port du costume de bain sans peignoir, sur les voies et dans les lieux publics, il ne pouvait …

… » La doctrine est d’accord, sur ce point avec la jurisprudence.

….

13 Septembre 1919 …

… Ernest Judet, qui a fuit en Suisse à la fin de la première guerre mondiale et risque une condamnation à mort pour trahison avec l’ennemi, fait l’affiche des « Hommes Du Jour ».
Il se voit entièrement consacrer la page suivante et ce n’est pas là l’occasion d’un éloge pour celui qui a farouchement combattu contre la révision du procès du capitaine Alfred Dreyfus.

(extraits)

Voilà M. Ernest Judet poursuivi pour « intelligences avec l’ennemi », sur le point de se voir, peut-être, un de ces jours, condamner à mort pour trahison. Les nobles et généreux citoyens auxquels M. Judet s’attaquait avec une passion si injuste, avec une haine si aveugle, pendant l’affaire Dreyfus, le vouèrent, sans doute, dans de légitimes emportements d’une colère trop justifiée, aux pires châtiments. Nul, certainement, n’avait prévu, encore moins souhaité, pour lui le poteau de Vincennes, la mort des traîtres.

Il est une question que les bonnes gens posent volontiers, quand l’on accuse un homme de quelque forfait exceptionnel : — En était-il capable ? Seuls, à vrai dire, pourraient répondre, et encore, sans avoir le droit d’être affirmatifs, les amis de l’inté- ressé, ou les personnes, sympathiques ou hostiles, ou indifférentes, qui, l’ayant approché, fréquenté, le connaissent. Or, pour M. Judet, il se trouve que l’homme avait peu d’amis. C’était une sorte de solitaire, un être assez singulier.
Parce qu’il avait une …

… de l’Histoire, et, faute de pouvoir causer et se lier avec Napoléon ou Mirabeau, il ne causait avec personne, et ne se liait pas davantage. Ainsi, pensait-il, il évitait de déchoir, j’allais dire : de se mésallier.


Ernest Judet avait bel et bien trahi la France, et payé par l’Allemagne, fait une campagne anti-Angleterre et même défaitiste dans son second journal l’Éclair .
Il revient en France en 1923 se remettre aux mains de la justice qui l’a condamné par contumace, certain d’avoir suffisamment de soutiens pour être acquitté dans un second procès.
Ce qui se produit (à 11 voix contre une) alors même qu’on disposait des preuves de sa trahison.
On a pu écrire par la suite

« Jugé en 1917, il aurait difficilement échappé aux 12 balles qu’il méritait largement » (Bertrand Joly)

12 Septembre 1891 …

… l’Écho du Boulevard, crucifie Joséphin Péladan homme de tous les excès, mais auquel on doit une fine analyse (et plus) du peintre et de l’homme Léonard De Vinci, et particulièrement ici, de ce qui est considéré comme son chef d’œuvre.

(extrait de « La dernière leçon de Léonard de Vinci à son Académie de Milan« )


… bestialise.

(Cliquer sur l’image pour lire plus facilement)


Malraux semble avoir repris dans un discours de présentation de la Joconde aux USA, de façon plus succincte, ce rapprochement que fait Joséphin Péladan, de la statuaire Grecque :

« Léonard apportait à l’âme de la femme l’idéalisation que la Grèce avait apportée à ses traits. La mortelle au regard divin triomphe des déesses sans regard. C’est la première expression de ce que Goethe appellera l’éternel féminin »

11 Septembre 1913 …

… Un journal humoristique évoque ceux qu’en Lorraine on nomme les « Camps volants »

– Dis, t’as vu le joli pat’lin sur la colinette ?
– C’est vrai qu’il est chouette …

– Ben M… alors ! C’est pas des civilisés ces gens là !

(Cliquer sur l’image pour lire plus facilement)