La poésie d’André Dhôtel dans la nouvelle « INTERMÈDE » (NRF 1 mai 1942) -(03)

(Le texte d’origine est n’est pas un poème et n’est pas en vers.
Le découpage que j’ai choisi est relatif à ce que je perçois du souffle de l’écrit)


Puis des poules vinrent visiter un tas de crottin
Le téléphone sonna dans le bureau des messageries
Au loin
une femme ramassait de l’herbe au bord d’un chemin
Elle se redressa
et sembla faire un signe difficile à interpréter
vers une forêt de l’horizon.
Des fragments de la forêt étaient déjà
magnifiquement jaunes.

Barnaud attendit quelques instants
pendant lesquels il sentit
que tout devenait criminel autour de lui
dans les guérets
dans les betteraves,
au ciel
et partout au fond de ce maudit désert champenois

La poésie d’André Dhôtel dans la nouvelle « INTERMÈDE » (NRF 1 mai 1942) -(02)

(… un enfant)

En se réveillant
il pleura
mais

sans faire absolument aucun bruit
parce qu’il ne voulait pas même
qu’une bête sauvage
apprit son chagrin.

C’était une douleur exceptionnelle
puisqu’il était tout à fait sûr
de jamais sortir des bois

La poésie d’André Dhôtel dans la nouvelle « INTERMÈDE » (NRF 1 mai 1942) -(01)

(Jean Barnaud vient de cambrioler une maison. Il en repart)

« Avant de s’éloigner,
il prit le temps de respirer l’air matinal.
Des herbes rares retenaient quelque rosée.
À deux cents pas entre les troncs,

il apercevait la route
et un fragment d’une vaste lande
où les troupeaux de moutons formaient des îles.
Jean Barnaud se félicita de sentir en lui

et dans les choses
une solitude vigoureuse »